Même tard la nuit, les stations-services de Niamey sont prises d’assaut par des automobilistes en quête de carburants. Une pénurie sévit en effet depuis quelques jours, causant bien de désagréments aux habitants de la capitale, «je suis à la recherche de carburant depuis que j’ai rompu le jeûne. J’ai fait cinq stations en vain, c’est la sixième maintenant», explique Yahouza Saley, un habitant Niamey excédé par le temps perdu à chercher de quoi mettre dans le réservoir de son véhicule. Son concitoyen Alfazazi Boubacar n’est pas mieux loti «ce qui me fait mal, c’est qu’on ignore les raisons de cette pénurie et surtout jusqu’à quand cela va durer.»
Depuis 2011, le Niger produit quelque 20.000 barils d’essence et gasoil raffinés par jour. Le tarissement du marché parallèle à partir du Nigeria voisin semble avoir sa part dans la raréfaction de carburants. Le carburant qui arrivait frauduleusement du Nigeria «représentait jusqu’à 50% des parts du marché» et alimentait les grandes régions proches du Nigeria, comme Zinder, Maradi (sud), Tahoua et Dosso (sud-ouest), selon le directeur commercial de la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep), Maazou Oumani Aboubacar cité par l’AFP. La raffinerie du pays ne fournit à la Sonidep que «25 camions citernes d’essence par jour», quand les besoins quotidiens nationaux atteignent «jusqu’à 50 camions citernes», souligne M. Aboubacar, selon la même source.
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Cette rareté touche surtout les transporteurs qui voient leurs activités sérieusement impactées. «Avec cette situation, nous passons plus de temps à chercher du carburant qu’à vaquer à nos occupations. Nos recettes s’en ressentent de manière conséquente» explique Yayé Djibo, conducteur de Taxi.
«Le carburant est indispensable à notre activité. J’exerce ce métier depuis plus de 10 ans, je n’ai jamais été confronté à des problèmes d’une telle envergure. Il faut que les autorités compétentes trouvent des solutions le plus tôt possible car nous sommes en train de souffrir vraiment», ajoute Oumarou Assoumanema, conducteur de tricycle. Jusqu’à présent, aucun communiqué officiel n’est venu les habitants de Niamey sur les raisons de cette raréfaction de carburants qui paralyse tout un pan des activités de la capitale.