Pétrole: ce que vaut l’offre des 6 membres africains de l’OPEP

Barils de pétrole entreposés.

Barils de pétrole entreposés. . DR

Le 14/06/2024 à 10h35

Parmi les 13 pays membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), 6 sont africains. Ensemble, leur production s’est élevé à 3,98 millions de barils/jour en mai 2024, soit 14,62% de la production totale de l’OPEP. Avec la volatilité des marchés énergétiques mondiaux et les enjeux géopolitiques en cours, l’analyse de leur capacité de production pétrolière revêt une importance cruciale. Zoom sur l’état des lieux chiffré et les marges de manœuvre.

Dans son dernier rapport mensuel sur le marché pétrolier mondial, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) dresse un tableau peu reluisant pour les membres africains de l’OPEP. Avec une croissance de la demande mondiale revue à la baisse à 960.000 barils/jour pour 2024, les pays producteurs font face à un défi de taille pour équilibrer l’offre et la demande.

Parmi les 13 membres de l’OPEP, 6 sont des pays africains: Algérie, Congo, Guinée équatoriale, Gabon, Nigeria et Libye. Ensemble, leur production s’est élevé à 3,98 millions de barils/jour en mai 2024, soit environ 14,62% de la production totale de l’OPEP (27,22 mb/j).

Dans le détail, le Nigeria, plus gros producteur africain, a atteint 1,35 million de barils/jour en mai, avec toutefois un déficit de 0,15 mb/j par rapport à sa cible mensuelle. Le pays est donc en deçà de son quota de 1,5 million. L’Algérie suit avec 0,9 million de barils/jour, légèrement en deçà de son quota de 0,91 million de barils par jour. Le Gabon (0,22 million), la Guinée équatoriale (0,06 million) et le Congo (0,26 million) complètent le tableau avec des niveaux de production modestes. L’Angola, qui a quitté l’OPEP en janvier 2024, n’est plus prise en compte dans les statistiques de production.

La Libye, exemptée de quotas en raison de son instabilité politique, a maintenu une production de 1,19 million de barils/jour. Cependant, avec une capacité durable estimée à seulement 1,23 million, sa marge de manœuvre reste limitée.

0,21 million de barils/jour de capacité inutilisée

Au total, la capacité de production inutilisée (spare capacity) des pays africains membres de l’OPEP est d’environ 0,21 million de barils/jour. Ce chiffre de 0,21 million de barils/jour correspond à la somme des capacités de production excédentaires des différents pays africains de l’OPEP par rapport à leurs niveaux de production actuels:

Algérie: 0,09 million de barils/jour (capacité durable 0,99 - production en mai 0,90) ;

Congo: 0,01 million de barils/jour (capacité 0,27 - production 0,26)

Gabon: 0 million de barils/jour (capacité 0,22 = production 0,22)

Nigeria: 0,07 million de barils/jour (capacité 1,42 - production 1,35)

Libye: 0,04 million de barils/jour (capacité 1,23 - production 1,19)

Guinée équatoriale: 0 million de barils/jour ( capacité 0,06 = production 0,06).

A l’analyse des chiffres de l’OPEP, la Guinée équatoriale et le Gabon sont les seuls pays qui produisent au-delà de leur capacité durable estimée.

Cette capacité excédentaire de 0,21 million de barils/jour peut donc encore être mobilisée par ces pays pour augmenter leur offre si nécessaire, sans investissements supplémentaires majeurs. Cependant, comme le souligne le rapport, cette marge de manœuvre reste relativement limitée comparée à la capacité excédentaire totale de l’OPEP estimée à 5,29 millions de barils/jour. La part africaine n’en représente qu’environ 4%.

Cela s’explique notamment par les infrastructures vieillissantes et les contraintes géologiques de certains gisements arrivés à maturité dans ces pays producteurs historiques. L’instabilité politique et sécuritaire chronique en Libye restreint également ses capacités d’augmenter rapidement sa production au-delà des niveaux actuels.

Pays producteursProduction mai 2024 (en mb/j)Capacité durableCapacité de production inutilisée
Algérie0.90.990.09
Congo0.260.270.01
Guinée Équatoriale0.060.060.0
Gabon0.220.220.0
Nigeria1.351.420.07
Libye1.191.230.04

Dans l’ensemble, ces faibles marges de capacités inutilisées contraignent la flexibilité des pays africains membres de l’OPEP face aux futurs ajustements de production qui pourraient être décidés par l’Organisation.

Par Modeste Kouamé
Le 14/06/2024 à 10h35