Sur un total de 92,50 millions de véhicules (-1% par rapport à 2023), tous segments confondus, produits dans le monde en 2024, le continent africain n’en a produit que 1,18 million, un volume en légère hausse de +0,6%. Le continent n’a pesé que 1,27% de la production automobile mondiale de l’année dernière.
Au-delà de sa faiblesse, la production africaine est fortement concentrée. En effet, deux pays, l’Afrique du Sud et le Maroc, ont produit 1,16 million de véhicules, soit 98,40% de la production totale africaine. Mis à part ces deux pays, c’est le néant pour le reste du continent (18.001 véhicules).
Ce sont deux pays qui disposent de véritables écosystèmes automobiles, des environnements des affaires favorables, des ressources humaines qualifiées, des marchés intérieurs relativement significatifs et des capacités logistiques indéniables et, bien évidement, des visions stratégiques pour le développement de l’industrie automobile qui font défaut aux autres pays africains.
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L’Afrique du Sud, demeure le leader de la production automobile, tous segments confondus (véhicules particuliers et commerciaux), avec une production 632.285 unités, soit une part de marché de 50,9% (contre 54,1% en 2023) devant le Maroc qui a produit 559.645 unités, soit une part de marché de 45,5%.
Toutefois, au niveau du segment des véhicules particuliers, après avoir rattrapé et dépasser l’Afrique du Sud, le Maroc a fortement creusé l’écart en 2024 avec une production de 524.467 unités produites en 2024, contre seulement 350.384 unités pour l’Afrique du Sud.
L'Afrique a produit 1 177 400 unités en 2024. L'Afrique du Sud et le Maroc ont assuré 98,40% de la production automobile africaine. . DR
Au niveau de ce segment, le Maroc ne compte que deux constructeurs (Renault Tanger Maroc et Stellantis Maroc), alors qu’en Afrique du Sud ils sont sept à exploiter exploiter des unités de fabrication CKD (Complete Knock Down) – véhicules livrés en pièces détachées et assemblées en usine). Le Maroc jouit d’une forte intégration du secteur automobile avec un taux d’intégration dépassant les 65%, contre 22,6% en Afrique du Sud. A noter qu’environ 80% de la production totale des deux pays est exporté.
Afrique du Sud: 50,90% de la production africaine
L’Afrique du Sud, qui a fêté l’année dernière ses 100 de production automobile (la Fort T y a été assemblée en 1924), a produit, tous segments confondus, 599.754 unités en 2024, en baisse de -5,2% par rapport à 2023. Avec cette production, le pays pèse 50,90% de la production automobile africaine, contre 54,1% en 2023, et occupe le 21e rang au niveau mondial. En totalité, le pays compte une douzaine de producteurs de véhicules si on y ajoute les bus et les camions.
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Toutefois, au niveau du segment de voitures particulières, malgré la présence de sept constructeurs -Ford, Nissan, BMW, Toyota, Mercedes, Isuzu et Volkswagen-, le pays n’a produit que 350.384 unités, soit 174.083 unités de moins que le Maroc.
C’est dire que globalement, les unités implantées en Afrique du Sud ont de petites capacités de production. En 2024, Volkswagen a été le leader de la production du marché local avec 167.084 unités. Les autres constructeurs produisent de quantités beaucoup plus faibles.
Plusieurs modèles sont produits dans le pays dont BMW X3, Mercedes C-Class, Toyota Corolla, Volkswagen Polo, Hilux, Navara, D-Max, Ranger…
De plus, Hyundai et Stellantis sont en train de construire des unités de production en Afrique du Sud. Ces constructeurs sont attirés par les potentialités et les opportunités du marché sud-africain, de loin le premier du continent avec 515.850 unités commercialisés dans le pays en 2024 et un parc automobile de 13,36 millions de véhicules. Le pays compte un véritable écosystème automobile avec 430 fournisseurs et équipementiers (pièces de moteurs, pneus, batteries, boites de vitesses, pièces de freins, filtres…) qui fournissent le marché local et international.
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Environ 62% de la production sud-africaine est exportée, essentiellement vers le marché européen. Pour l’avenir, l’industrie automobile sud-africain ambitionne d’atteindre 1% de le production mondiale en produisant 1,4 million d’unités en 2035.
Mais y arriver, elle doit faire face à de nombreux écueils. En premier lieu, il y a les difficultés d’approvisionnement en électricité qui touchent le pays depuis plusieurs années et qui n’épargnent pas de nombreuses unités. Ensuite, il y a l’impact des droits de douane que vient d’imposer le président américain à l’industrie automobile mondiale et qui vont affecter l’Afrique du Sud qui exporte autour de 30.000 unités vers les Etats-Unis.
Au-delà des volumes exportés, c’est l’attractivité de l’Afrique du Sud, en tant que destination pour les constructeurs automobiles qui ciblaient le pays du fait de son accès sans droit de douane au marché américain, qui est remise en cause. Du coup, cela peut porter préjudice à l’investissement direct étranger dans le secteur. Enfin, il y a le virage vers les voitures électriques que l’Afrique du Sud doit entreprendre, l’essentiel des exportations sud-africaines étant orienté vers le marché européen (Allemagne, Royaume-Uni, Belgique…).
Le Maroc consolide son leadership de producteur de véhicules particuliers
Le Maroc demeure le deuxième constructeur automobile africain, tous segments confondus, avec 559.645 unités produites en 2024 en hausse de 4%, soit 47,50% de la production africaine.
Toutefois, le Royaume vient de consolider sa position de premier producteur de véhicules particuliers au niveau du continent en creusant l’écart sur l’Afrique du Sud.
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En effet, il a produit 524.467 véhicules particulières en 2024, contre seulement 350.384 unités pour l’Afrique du Sud, soit un écart de 174.083 unités. Le Maroc s’accapare presque 60% de la production africaine de voitures particulières.
Le pays compte deux constructeurs de voitures particulières: Renault Group Maroc et Stellantis Maroc.
Renault Group Maroc demeure de très loin le premier producteur automobile africain. La filiale du groupe français Renault a enregistré une production record de 413.614 véhicules assemblés dans ses deux usine de Tanger et de Casablanca (SOMACA), en 2024. Ces chiffres représentaient une augmentation de 8% par rapport à l’année précédente.
L’usine de Tanger, avec une capacité de production annualisée accrue, a contribué à hauteur de 312.381 unités, en progression de 9%. Quant à l’usine SOMACA, elle a franchi pour la première fois la barre symbolique des 100.000 véhicules montés, atteignant 101.233 unités, en hausse de 7%. Plusieurs modèles sont produits dont Logan, Sandero, Sandéro Stepway, Dokker, Renault Express, Lodgy…
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Pour réaliser ces performances, le constructeur s’appuie sur un écosystème composé d’environ 90 partenaires locaux.
Au-delà de la hausse de la production, il faut souligner que Renauld Group Maroc affiche un taux d’intégration de 65,5%, générant un chiffre d’affaires lié au sourcing local de 2,06 milliards d’euros. Le constructeur compte porter ce taux d’intégration local à 80% à l’horizon 2030.
Par ailleurs, Renault Group Maroc compte porter ses capacités de production au niveau de ses deux unités de 440.000 à 500.000 unités par an pour faire face à la demande locale et internationale croissante.
Dans cette optique également, le groupe compte sur le développement de modèles électriques et hybrides pour être en phase avec la transition énergétique mondiale.
Pour sa part, la production de Stellantis Maroc s’établit à hauteur de 111.000 unités, en sa basant sur les données de Naamsa et de Renault Group Maroc.
La filiale du groupe automobile multinational franco-italo-américain qui s’appuie sur un écosystème de plus de 70 fournisseurs et équipementiers locaux produit les modèles Peugeot 208, Fiat Topolino, Citroën Ami… La filiale de Stellantis affiche un taux d’intégration de 70% et cible, à terme, un objectif de 80%.
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En plus des voitures particulières, le Maroc a également produit 35.178 unités de voitures commerciales dont des camions de divers tonnages. Parmi les constructeurs figure le groupe Auto Hall qui monte les marque Foton, Fuso-Mitsubishi, DFSK…
Le Maroc, à l’instar de l’Afrique du Sud, doit assurer le virage de l’industrie automobile mondiale vers les énergies propres. La filiale de Stellantis y est déjà avec les modèles Citroën Ami, Opel Tocks-e...Toutefois, il faut accélérer la cadence pour ne pas rater le virage électrique.