Qui sont les 18 pays africains figurant parmi les 20 les moins électrifiés au monde?

Une ligne à haute tension. 

Une ligne à haute tension.  . DR

Le 16/06/2024 à 13h34

L’Afrique est le continent le moins électrifié au monde. En effet, presque la moitié des Africains n’ont pas accès à l’électricité. Toutefois, on note des disparités importantes entre les pays. Si certains affichent des taux d’électrification de 100% (Maroc, Egypte…), d’autres enregistrent des taux d’électrification inférieurs à 10%. D’ailleurs, sur les 20 pays les moins électrifiés au monde, 18 sont africains.

Plus de 571 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, en dépit des efforts fournis au cours de ces dernières années par plusieurs pays du continent et les nombreuses potentialités dont dispose le continent pour produire de l’électricité comme le pétrole, le gaz, le charbon, l’hydroélectricité, sans compter les potentialités exceptionnelles offertes par les énergies renouvelables: le solaire, l’éolien et la géothermie.

A cause de l’évolution démographique plus rapide que les investissements en énergie, le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’électricité a augmenté au cours de ces dernières années passant de 566 millions en 2010 à 571 millions en 2022.

Le dernier rapport publié par l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), en collaboration avec la Banque mondiale et d’autres institutions est édifiant. Il en ressort clairement que sur les 20 pays les moins électrifiés au monde, 18 se trouvent en Afrique subsaharienne. Cette région du continent concentre, à elle seule, 83% des personnes n’ayant pas accès à l’électricité dans le monde, contre 50% en 2020.

Selon ce rapport, «en 2022, les 20 pays identifiés comme ayant le plus grand nombre de personnes vivant sans électricité représentaient près de 75% du déficit mondial d’accès à l’électricité. Dix-huit de ces pays se trouvent en Afrique subsaharienne et 17 sont parmi les pays les moins bien desservis». Pire encore, les trois pays qui concentrent le plus grand nombre de personnes n’ayant pas accès à l’électricité au monde sont le Nigéria (86,2 millions personnes), la RDC (77,7 millions) et l’Éthiopie (55 millions). Des pays figurant parmi les puissances économiques et démographiques du continent.

Le Nigeria, pourtant considéré jusqu’à récemment comme la première puissance économique du continent, affiche un faible taux d’électrification de l’ordre de 60%. Pourtant, si ce pays est le plus peuplé d’Afrique avec plus de 220 millions d’habitants, il est aussi le premier producteur de pétrole du continent et dispose des plus importantes réserves de gaz en Afrique. C’est dire que ce ne sont pas les ressources naturelles qui font défaut au pays pour produire de l’électricité. Le déficit s’explique surtout pas des politiques économiques inadéquates.

Idem pour la République démocratique du Congo (RDC) qui dispose d’importantes ressources minières et surtout l’une des plus importantes potentialités hydroélectriques du monde avec le fleuve Congo, mais qui affiche un très faible taux d’électrification (21%). Une situation qui freine grandement le développement économique du pays.

Pour l’Éthiopie qui affiche l’un des taux de croissance en matière d’électrification les plus élevés, la situation devrait évoluer positivement dans les années à venir avec les importants barrages hydroélectriques en cours de réalisation, dont le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne doté d’une capacité de 6450 MW. Le pays affiche actuellement un taux d’électrification de 55%, avec de l’électricité produite à partir des ressources renouvelables, notamment d’origine hydroélectrique.

L’autre contraste vient du Soudan du Sud qui affiche le taux d’électrification le plus bas au monde, soit 5% seulement, alors qu’il est producteur et exportateur de pétrole. Dans ce cas, l’instabilité politique avec les guerres intestines que se livrent les pontes du régime empêche l’investissement et le développement des infrastructures énergétiques du pays.

Le Soudan du Sud et le Nigeria ne sont pas les seuls pays pétroliers du continent à avoir des taux d’électrification aussi faibles par rapport à leurs potentialités. C’est le cas également du Tchad (12%) , mais aussi de l’Angola, second producteur de pétrole africain qui affiche un taux d’électrification de seulement 48%.

Deux pays non africains seulement figurent parmi les 20 pays les moins électrifiés au monde: la Birmanie (18e) et le Pakistan (20e)

Les 18 pays africains figurant parmi les 20 pays au monde ayant les plus faibles taux d’électrification

Rang mondialPaysTaux d’électrification
1erSoudan du Sud5%
2eBurundi10%
3eTchad12%
4eMalawi14%
5eBurkina Faso19%
6eNiger20%
7eRépublique Démocratique du Congo (RDC)21%
8eMozambique33%
9eMadagascar36%
10eTanzanie46%
11eOuganda47%
12eZambie48%
13eAngola48%
14eMali53%
15eEthiopie55%
16eNigeria60%
17eSoudan63%
19eKenya76%

Source: Rapport AIE et Banque mondiale

Pour améliorer de manière sensible le taux d’électrification, les pays africains doivent investir massivement dans les infrastructures en misant sur leurs potentialités: ressources fossiles (pétrole, gaz, charbon…), mais surtout sur les potentialités qu’offrent les énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien car ces dernières permettent aux pays africains d’éviter les dépenses inhérentes aux surcoûts consécutifs aux flambée des énergies fossiles.

A ce titre, le plus grand potentiel énergétique renouvelable est celui offert par le solaire qui est réparti sur toute l’étendue du continent. Celui-ci est à même de satisfaire les besoins énergétiques mondiaux. En effet, le continent africain est parmi les mieux nantis en ressources solaires au monde. Il reçoit près de 12 heures d’ensoleillement par jour avec une irradiation comprise entre 4 et 7 kwh/m2/jour. Ainsi, les réserves totales d’énergie solaire théoriquement disponibles en Afrique ont été estimées à près de 60 millions de téra watts heure (TWh)/an contre 37,5 millions de TWh/an pour l’Asie (Moyen Orient compris) et seulement 3 millions de TWh/an pour l’Europe.

C’est dire que l’accent doit être mis sur le solaire qui constitue une opportunité pour stimuler le taux d’électrification du continent, accélérer le processus d’industrialisation et le développement du continent.

Par Kofi Gabriel
Le 16/06/2024 à 13h34