Recouvrement d’avoirs illicites: ce qu’apporteront le Maroc et l’Égypte à la région MENA

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Le 04/12/2025 à 11h47

Le Maroc a rejoint l’Egypte au Comité directeur du Réseau pour le recouvrement des avoirs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ces deux pays d’Afrique pèseront de leur poids politique dans cette plateforme essentielle à l’identification, le traçage et le gel des flux financiers douteux.

Le Maroc et l’Égypte sont désormais les deux pays africains siégeant au Comité directeur du Réseau pour le recouvrement des avoirs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA-ARIN). En effet, le Maroc a été récemment élu membre du Comité directeur du Réseau pour le recouvrement des avoirs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le Maroc y est Représenté par Mohamed Benalilou, président de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC).

Ce mandat de trois ans place le Royaume aux côtés de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Qatar, de l’Égypte et du Liban, consolidant son influence dans l’architecture régionale de lutte contre la corruption.

Cette élection, intervenue lors du congrès constitutif de septembre 2025 à Djeddah, sanctionne la «participation distinguée» de la délégation marocaine. L’INPPLC y voit «une reconnaissance du rôle du Maroc dans le renforcement des efforts de lutte contre la corruption aux niveaux international et régional».

Plus concrètement, elle offre au Royaume la présidence du Réseau en 2028 et l’accueil de son assemblée générale annuelle, renforçant sa visibilité institutionnelle.

Rappelons que le Comité directeur du réseau MENA-ARIN incarne l’épine dorsale administrative et stratégique de l’organisation, conférant une assise opérationnelle à sa mission régionale. Ses attributions forment une triade fonctionnelle cohérente.

Premièrement, il assure une supervision stratégique et une planification rigoureuse en coordonnant avec le Secrétariat général l’élaboration des documents fondateurs que sont le plan d’action annuel, le rapport annuel et les ordres du jour des assemblées. Un pilotage qui assure la pérennité et l’orientation ciblée des travaux du réseau.

Deuxièmement, il exerce une fonction de gouvernance inclusive en examinant et en approuvant les demandes d’obtention du statut d’observateur, régulant ainsi l’élargissement du cercle des parties prenantes et favorisant une plus grande transparence.

Troisièmement, il a en charge le renforcement substantiel des capacités des membres, notamment par l’organisation d’activités focalisées sur les dernières évolutions technologiques en matière de recouvrement d’avoirs, un volet crucial pour l’efficacité pratique.

Une architecture qui positionne concrètement le MENA-ARIN comme la plateforme régionale qualifiée d’«informelle et efficace» pour la chaîne complète de lutte contre les flux financiers illicites, de l’identification à la saisie, en s’appuyant sur trois piliers: entraide mutuelle pratique, développement systématique de compétences et mise en place de partenariats avec les organisations internationales compétentes.

Bien que MENA-ARIN intègre des acteurs moyen-orientaux, sa dimension africaine est incarnée par le Maroc et l’Égypte. Le Réseau s’inscrit dans un écosystème mondial couvrant huit zones, dont l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale. Pour le continent, cette élection marocaine offre un double levier.

Le Maroc devient un pont entre les dynamiques africaines et les réseaux mondiaux de recouvrement, facilitant l’harmonisation des normes anti-corruption. Egalement, la présidence marocaine en 2028 pourra catalyser des formations ciblées sur les technologies de traçage d’avoirs, profitant aux membres africains du Réseau.

Disons que l’intégration du Maroc au Comité directeur du MENA-ARIN transcende la simple reconnaissance symbolique pour cristalliser une évolution pragmatique aux implications sur plusieurs dimensions. Comme le souligne l’INPPLC, «cette élection permettra au Royaume de présider le Réseau et d’accueillir son assemblée générale annuelle pour 2028». Une perspective concrète qui unifie trois dimensions expertes essentielles.

Sur le plan de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, elle offre au Maroc un levier pour renforcer les mécanismes de transparence et d’intégrité par la mutualisation et la promotion des bonnes pratiques à l’échelle régionale, influençant directement les standards et les procédures.

En termes de dynamiques régionales et de leadership africain, cette position consolide le rôle du Royaume comme interface et acteur pivot dans un cadre multilatéral où les économies du Golfe sont prédominantes, lui permettant d’y porter une voix et des priorités africaines en matière de justice économique.

Enfin, du point de vue des coopérations judiciaires et de l’entraide répressive intra-africaine, le réseau MENA-ARIN, sous cette influence marocaine, peut agir comme un accélérateur pratique, comblant les lacunes opérationnelles et procédurales entre États africains du Nord et leurs partenaires arabes, et servant de modèle pour une collaboration technique informelle mais hautement efficace, essentielle dans la traque des avoirs illicites souvent dissimulés à travers des juridictions multiples.

C’est le lieu de souligner que MENA-ARIN opère aux côtés de réseaux homologues en Europe, Amérique et Asie, formant un maillage global contre les flux financiers illicites. Pour le Maroc, la tâche sera d’y imprimer une approche africaine, centrée sur l’adaptation des technologies de recouvrement aux spécificités des économies émergentes; la facilitation des demandes transfrontalières, souvent entravées par des disparités juridiques.

Ainsi, cette élection consacre le Maroc comme pilier de la lutte anti-corruption en Afrique du Nord. Elle offre un tremplin pour hisser les standards de gouvernance africains à l’échelle d’un réseau stratégique, où le recouvrement d’avoirs illicites devient un outil de souveraineté économique partagée.

Recouvrement d’avoirs illicites: le Maroc et l’Égypte renforcent la coopération MENA-Afrique au sein du MENA-ARIN

PaysRôle dans MENA-ARINStatut spécifiqueImplication pour l’Afrique
MarocNouveau membre du Comité directeurPrésidence en 2028Pont Afrique-Moyen-Orient ; Harmonisation des normes anti-corruption
ÉgypteMembre du Comité directeur-Représentation africaine ; Renforcement des coopérations régionales
Afrique de l’EstIntégrée à l’écosystème mondial du réseauZone couverte par MENA-ARINBénéficiaire des formations et coopérations techniques
Afrique centraleIntégrée à l’écosystème mondial du réseauZone couverte par MENA-ARINCiblée pour le renforcement des capacités de recouvrement
Par Modeste Kouamé
Le 04/12/2025 à 11h47