UNESCO: les 5 nouveaux sites africains inscrits sur la liste du patrimoine mondial en 2024

Le 05/08/2024 à 10h36

Cinq sites exceptionnels d’Afrique du Sud, du Burkina Faso, d’Éthiopie et du Kenya rejoignent la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Découvrez ces trésors.

La 46e session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO vient d’enrichir considérablement la liste du patrimoine mondial avec l’inscription de 26 nouveaux sites d’une valeur inestimable, dont 5 en Afrique. Un rayonnement supplémentaire pour le patrimoine culturel et naturel du continent.

Au-delà de leur valeur historique et culturelle inestimable, ces 5 nouveaux joyaux patrimoniaux offrent d’importantes perspectives économiques, notamment touristiques, pour les pays abritant ces sites. Un défi de taille désormais: assurer leur conservation durable et une gestion responsable, avec l’implication des populations locales. L’Unesco et ses partenaires sont mobilisés pour accompagner ces Etats dans cette mission essentielle de préservation d’un legs universel.

En Afrique du Sud, deux sites emblématiques ont été reconnus. Leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO revêt une importance capitale, tant sur le plan historique que symbolique.

Droits de l’homme, libération et réconciliation : les sites dédiés à Nelson Mandela

Ce site en série rend hommage à la lutte héroïque menée par Nelson Mandela et d’autres figures de la résistance contre le régime raciste et oppressif de l’apartheid. Les 14 éléments qui le composent, tels que les Union Buildings à Pretoria et le site de Sharpeville, sont des témoins muets mais éloquents de cette longue marche vers la liberté et l’égalité.

Les Union Buildings, par exemple, ont été le siège du pouvoir blanc durant l’apartheid, tandis que Sharpeville a été le théâtre d’un massacre tragique de manifestants pacifiques en 1960, marquant un tournant dans la lutte anti-apartheid. Ces lieux chargés d’histoire symbolisent à la fois les souffrances endurées par le peuple noir, mais aussi la ténacité et la force morale de ceux qui ont combattu pour l’avènement d’une société non-raciale, fondée sur les valeurs d’ubuntu (humanité partagée).

Émergence du comportement humain moderne : les sites d’occupation du Pléistocène

Ce site, composé de Diepkloof, Pinnacle Point et Sibhudu, revêt une importance capitale dans la compréhension de nos origines en tant qu’espèce humaine moderne. Ces sites archéologiques exceptionnels recèlent des vestiges remontant à plus de 160.000 ans, offrant un témoignage précieux sur les premières manifestations du comportement humain moderne.

Les fouilles menées dans ces sites ont permis de mettre au jour des outils en pierre taillée, des restes d’habitats, des traces de feux domestiques, ainsi que des objets symboliques et artistiques, témoignant de l’émergence de capacités cognitives complexes chez nos ancêtres. Ces découvertes remettent en question les théories antérieures sur l’apparition tardive des comportements modernes et soulignent le rôle clé joué par l’Afrique du Sud dans l’évolution humaine.

En inscrivant ces deux sites sur la liste du patrimoine mondial, l’UNESCO reconnaît non seulement leur valeur historique et scientifique exceptionnelle, mais aussi leur importance symbolique en tant que lieux de mémoire et de réflexion sur notre passé, notre lutte pour la liberté et notre devenir en tant qu’humanité.

Au Burkina Faso, la Cour royale de Tiébélé

L’inscription de la Cour royale de Tiébélé sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO est une reconnaissance importante de l’architecture et des traditions ancestrales du Burkina Faso. Cet ensemble architectural en terre crue témoigne de la richesse culturelle et des savoir-faire uniques du peuple kasena.

La Cour royale de Tiébélé est un véritable joyau architectural, fruit d’une tradition séculaire de construction en terre crue. Les bâtiments, remarquables par leurs formes complexes et leurs motifs décoratifs élaborés, sont le résultat d’un savoir-faire transmis de génération en génération par les populations kasena.

Au-delà de son esthétique unique, ce site illustre l’harmonie entre l’homme et son environnement naturel. Les techniques de construction mises en œuvre exploitent judicieusement les ressources locales, notamment la terre et les matériaux végétaux, dans un esprit de durabilité et de respect de la nature.

Mais la Cour royale de Tiébélé n’est pas seulement un chef-d’œuvre architectural, c’est aussi un témoignage vivant des traditions culturelles kasena. Les motifs décoratifs, par exemple, sont chargés de significations symboliques liées aux croyances, aux mythes et aux rites de cette communauté.

De plus, la transmission des savoirs liés à la construction et à la décoration de ces bâtiments est une véritable tradition communautaire. Les hommes et les femmes kasena participent activement à la perpétuation de ces connaissances ancestrales, assurant ainsi la pérennité de ce patrimoine exceptionnel.

En inscrivant ce site, l’UNESCO reconnaît non seulement la valeur architecturale et esthétique de la Cour royale de Tiébélé, mais aussi son importance en tant que symbole de la diversité culturelle et de l’ingéniosité des peuples africains. Ce faisant, elle renforce la représentation des traditions architecturales africaines au sein du patrimoine mondial, contribuant ainsi à une meilleure compréhension et valorisation des cultures du continent.

L’Ethiopie, il y a plus de 2 millions d’années

L’inscription des sites de Melka Kontouré et Balchit en Éthiopie sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO revêt une importance capitale dans la compréhension de nos origines et de l’évolution des premiers homininés. Ces deux sites archéologiques et paléontologiques exceptionnels offrent une fenêtre précieuse sur l’adaptation de nos ancêtres aux environnements des hauts plateaux d’Afrique de l’Est, il y a plus de 2 millions d’années.

Melka Kontouré et Balchit sont des gisements fossilifères d’une richesse inestimable, ayant livré de nombreux vestiges osseux et lithiques datant du Paléolithique inférieur. Les fouilles menées dans ces sites ont permis de mettre au jour des restes d’hominidés anciens, tels que des fragments de crânes et de mâchoires, ainsi que des outils en pierre taillée, témoignant de l’évolution des comportements techniques et des capacités cognitives de nos lointains ancêtres.

Ces découvertes ont joué un rôle clé dans la compréhension de l’émergence et de la diffusion des premiers représentants du genre Homo en Afrique de l’Est, berceau de l’humanité. Elles ont notamment permis de mieux appréhender les processus d’adaptation des homininés aux environnements variés des hauts plateaux éthiopiens, caractérisés par des paysages contrastés allant des zones arides aux zones humides.

En outre, ces sites offrent un témoignage exceptionnel sur l’évolution des comportements de subsistance et des stratégies d’exploitation des ressources naturelles par nos ancêtres. Les analyses des restes fauniques et des outils lithiques ont permis de reconstituer les modes de vie, les techniques de chasse et de collecte, ainsi que les interactions avec l’environnement naturel.

L’inscription de Melka Kontouré et Balchit sur la Liste du patrimoine mondial souligne ainsi l’importance cruciale de ces sites dans la recherche sur les origines de l’humanité et l’évolution des premières cultures humaines. Elle contribue également à la sensibilisation du public sur notre patrimoine commun et sur la nécessité de préserver ces témoins précieux de notre passé lointain.

La ville swahilie abandonnée de Gedi, au Kenya

Enfin, au Kenya, la ville swahilie abandonnée de Gedi, avec son architecture en corail caractéristique. L’inscription de cette ville abandonnée sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO met en lumière un pan fascinant de l’histoire de l’Afrique de l’Est et du commerce maritime dans l’océan Indien. Cette ancienne cité portuaire témoigne de l’apogée des cités commerçantes de la côte est-africaine entre les Xe et XVIIe siècles.

Gedi était une ville prospère, bénéficiant d’un emplacement stratégique sur la côte kenyane pour le commerce maritime avec le Moyen-Orient, l’Inde et la Chine. Son architecture unique, avec des bâtiments construits en corail fossilisé, reflète l’influence des cultures arabe, persane et swahilie dans cette région.

Les ruines exceptionnellement bien préservées de Gedi offrent un aperçu fascinant de la vie quotidienne et de l’organisation urbaine d’une cité marchande médiévale. Les vestiges comprennent des palais, des mosquées, des maisons d’habitation, des entrepôts et des systèmes d’adduction d’eau sophistiqués.

Au-delà de son importance architecturale, Gedi témoigne également de l’essor du commerce maritime et des échanges culturels intenses qui ont eu lieu le long des côtes est-africaines pendant plusieurs siècles. Cette ville était un carrefour cosmopolite où se croisaient marchands, navigateurs et voyageurs de différentes origines.

Les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour une riche collection d’objets importés, tels que des céramiques chinoises, des perles de verre et des pièces de monnaie, illustrant l’ampleur des réseaux commerciaux et des interactions culturelles à l’époque.

L’inscription de Gedi sur la liste du patrimoine mondial souligne l’importance de préserver ce témoin exceptionnel d’une période charnière de l’histoire de l’Afrique de l’Est et des échanges maritimes dans l’océan Indien. Elle contribue également à une meilleure compréhension des liens culturels et économiques qui ont façonné cette région au fil des siècles.

Les 5 nouveaux sites africains au patrimoine mondial de l’UNESCO

SitePaysAnnée d’inscription au patrimoine de l’UNESCO
La Cour royale de TiébéléBurkina Faso2024
Droits de l’homme, libération et réconciliation : les sites dédiés à Nelson MandelaAfrique du Sud2024
Émergence du comportement humain moderne : les sites d’occupation du PléistocèneAfrique du Sud2024
Les sites de Melka Kontouré et BalchitÉthiopie2024
La ville swahilie abandonnée de GediKenya2024
Par Modeste Kouamé
Le 05/08/2024 à 10h36