Voici les 10 pays africains ayant reçu le plus de flux nets d’investissements directs étrangers en 2022

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Le 07/07/2023 à 08h11

Les flux nets des investissement directs étrangers à destination de l’Afrique ont fortement chuté de -43,75% à 45 milliards de dollars en 2022. Cette régression n’a cependant pas empêché le doublement du nombre de nouveaux projets annoncés.

Les flux nets d’investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont fortement baissé en 2022 en s’établissant à 45 milliards de dollars, contre 83 milliards en 2021, soit une chute de 43,75%, selon un rapport de la Cnuced. Une baisse qui s’explique quasi uniquement par l’impact du flux d’un seul investissement mais exceptionnel enregistré en 2021 en Afrique du Sud. Cet IDE est lié à une transaction financière intra-groupe.

Plus précisément, il s’agit des flux portant sur un échange d’actions entre Naspers et sa filiale Prosus qui avait porté les flux d’investissement du pays arc-en-ciel à 40,90 milliards de dollars en 2021, contre seulement 3,06 milliards de dollars l’année précédente. Naspers opère dans une multitude de secteurs comme le commerce électroniques, les médias, les messageries...

Une fois cette opération exceptionnelle retraitée, on se retrouve avec un flux d’IDE en hausse de 7% en 2022, comparativement à l’année précédente, et à un niveau presque identique à celui enregistré en 2019 (46 milliards de dollars). A cela s’ajoute également la conjoncture internationale difficile marquée par la guerre Russie-Ukraine et ses impacts: inflation, resserrement des conditions de financement, hausse des taux d’intérêt et incertitude sur les marchés de capitaux.

Par ailleurs, avec un flux de 45 milliards de dollars d’IDE, l’Afrique, en dépit de ses potentialités dans les secteurs extractives (gaz, pétrole, mines…) n’attire que très peu d’investissements étrangers. Ces IDE destinés à l’Afrique sont à comparer aux 1.300 milliards de dollars enregistrés en 2022 au niveau mondial, en recul de 12% par rapport 2021.

Ainsi, l’Afrique n’a représenté que 3,46% des flux d’IDE mondiaux. Ce qui est négligeable malgré les potentialités et les opportunités d’investissement qu’offre l’Afrique.

Par pays, on note une forte concentration des flux d’investissement étrangers sur une poignée de pays. Ainsi les 10 premiers bénéficiaires d’IDE du continent ont drainé 37,20 milliards de dollars, soit 82,64% du flux d’IDE à destination de l’Afrique.

C’est l’Egypte qui a attiré le plus de flux avec 11,40 milliards de dollars d’IDE enregistrés, contre seulement 5,12 milliards de dollars en 2021, soit plus que le double, grâce notamment à l’augmentation des cessions transfrontalières, de fusions et d’acquisitions.

Derrière suit l’Afrique du Sud avec un flux de 9,05 milliards de dollars en 2022, soit le double de la moyenne de la dernière décennie, grâce aux fusions-acquisitions transfrontalières qui ont atteint 4,8 milliards de dollars en 2022, contre 280 millions de dollars en 2021. Parmi les investissements importants figure l’acquisition de Digital Titan (Etats-Unis) de 55% de TDE Investments, un fournisseur de services de traitement et d’hébergement de données basé à Johannesburg, pour 1,7 milliard de dollars.

L’Ethiopie continue d’attirer des flux d’IDE notamment chinois. En 2022, le pays a attiré, malgré la guerre au Tigré, 3,67 milliards de dollars, contre 4,26 milliards de dollars en 2021.

Derrière ce trio suivent le Sénégal (2,58 milliards de dollars), le Maroc (2,14 milliards de dollars), le Mozambique (1,97 milliard), la République démocratique du Congo (1,85 milliard), la Côte d’Ivoire (1,58 milliard), l’Ouganda (1,53 milliard) et le Ghana (1,47 milliard).

Top 10 des principaux bénéficiaires d’IDE en Afrique en 2022

PaysIDE 2020IDE 2021IDE 2022
Egypte5,855,1211,40
Afrique du Sud3,0640,959,05
Ethiopie2,384,263,67
Sénégal1,852,582,58
Maroc1,422,272,14
Mozambique3,055,101,97
RD Congo1,651,871,85
Côte d’Ivoire0,711,381,58
Ouganda0,871,101,53
Ghana1,332,411,47

Source: données de la Cnuced.

Si on prend le cas du Sénégal, les flux d’IDE sont restés stables à 2,6 milliards de dollars en 2022. Toutefois, selon le rapport de la Cnuced, la valeur des projets entièrement nouveaux annoncés a plus que doublé pour atteindre 1,4 milliard de dollars. Quant à la valeur des accords de financement de projets internationaux, il a atteint 1,2 milliard de dollars.

Parmi les importants projets figurent le développement d’une usine de dessalement d’eau de mer de 300.000 m3 par jour pour un investissement de 671 millions de dollars, piloté par Acwa Power (Arabie Saoudite) en partenariat avec la Compagnie nationale des eaux du Sénégal. En outre, le pays a enregistré le début de la construction de port en eau profonde de Ndayane d’un investissement de 1,1 milliard de dollars et piloté par DP Word (Emirats arabes unis).

A noter que certains grands pays du continent, dont particulièrement l’Angola et le Nigeria, ont enregistré des flux d’IDE négatifs à hauteur de respectivement -6,14 milliards de dollars et -185 millions de dollars, à la suite de cession d’actions.

Globalement, les flux d’IDE sont orientés vers les secteurs des hydrocarbures (pétrole et gaz), les mines, l’énergie…

Enfin, il faut souligner que si les flux des IDE à destination de l’Afrique ont baissé, le nombre de nouveaux projets a, par contre, enregistré une forte hausse. Celui-ci a plus que doublé pour atteindre 161 nouveaux projets. A noter que 6 des 15 principaux mégaprojets d’investissement greenfield au niveau mondial (d’une valeur supérieure à 10 milliards de dollars) annoncés en 2022 se trouvent en Afrique.

Selon le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement «en 2022, la plus forte augmentation des annonces de projets entièrement nouveau concerne l’approvisionnement en énergie et en gaz (120 milliards de dollars contre 24 milliards de dollars en 2021). La valeur des projets dans la construction et les industries extractives a également augmenté, pour atteindre respectivement 24 milliards de dollars et 21 milliards de dollars. Le secteur de l’information et de la communication a enregistré le plus grand nombre de projets».

Ainsi, en Afrique du Sud, UIRB, un promoteur basé aux Emirats arabes unis, a dévoilé les plans de The Parks, un projet de 17 kilomètres carrés visant à construire la plus grande ville durable d’Afrique, pour un investissement de 20 milliards de dollars, soit le 3e plus grand projet greenfield au monde en 2022. De même, les investissements greenfield annoncés au Maroc ont quadruplé pour atteindre 15 milliards de dollars, avec le projet de Total Eren (Luxembourg) de construire une unité de production d’hydrogène vert pour un investissement de 10 milliards de dollars.

Par Moussa Diop
Le 07/07/2023 à 08h11