Automobile: le Maroc tête de pont de la stratégie africaine de Stellantis

Un employé d'usine travaille sur une chaîne de montage de voitures à l'usine PSA de Kenitra, le 21 juin 2019.

Un employé d'usine travaille sur une chaîne de montage de voitures à l'usine PSA de Kenitra, le 21 juin 2019.. AFP or licensors

Le 10/05/2023 à 09h49

Stellantis a présenté, mardi 9 mai, les progrès de son plan stratégique pour la région Afrique et Moyen-Orient. Occasion de revenir sur les ambitions commerciales et industrielles du groupe automobile sur le continent africain. Au Maroc Stellantis compte doubler sa capacité de production à 450.000 unités, faisant du Royaume le cœur de sa stratégie africaine. En plus du Maroc, Stellantis va produire des véhicules dans trois autres pays africains.

Après de solides résultats en 2022 en Afrique et au Moyen-Orient, Stellantis, groupe automobile multinational né de la fusion de PSA Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler Automobiles, est revenu sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Plan stratégique Dare Forward 2030. Cette stratégie vise à faire du constructeur leader au niveau du continent a révélé, lors d’une conférence, Samir Cherfan, directeur des opérations Afrique et Moyen-Orient chez Stellantis.

Au niveau commercial, l’ambition est de dépasser, à l’horizon 2030, la barre d’un million de véhicules vendus, avec une part de marché à plus de 30% dans la région Méditerranée et de plus de 12% en Afrique subsaharienne. Sur le plan industriel, les augmentations de capacité et les implantations de nouvelles unités industrielles prouvent la volonté du constructeur de faire de l’Afrique un maillon important de son développement industriel.

«L’Afrique et Moyen-Orient est une région vaste et prometteuse avec un fort potentiel de croissance. Stellantis s’engage à contribuer au développement de l’industrie automobile dans la région et s’investit pour renforcer son empreinte afin de répondre aux besoins de mobilité de ses clients», a souligné Samir Cherfan.

A ce titre, au niveau africain, le Maroc demeure le cœur de la stratégie du groupe. En effet, après l’inauguration de son usine de Kenitra en juin 2019, qui a permis de dépasser les engagements définis dans l’accord stratégique industriel signé en 2015 entre Stellantis et le gouvernement marocain, le constructeur a annoncé, fin 2022, un investissement supplémentaire de 300 millions d’euros dans l’usine de Kenitra pour en doubler la capacité et introduire la plateforme «smart car». L’objectif est de produire 400.000 véhicules thermiques et 50.000 voitures électriques (Citroën Ami et Opel Rocks-e) au niveau de ce site.

L’usine de Kenitra affiche un taux d’intégration exceptionnel de 69% obtenu grâce à un écosystème automobile renforcé par l’implantation, à proximité du site de production, de sous-traitants, de fournisseurs et d’équipementiers du groupe.

Le succès obtenu au Maroc par Stellantis a poussé le constructeur à s’engager dans des investissements industriels dans d’autres pays africains, à une échelle certes plus réduite.

En dehors du Maroc, le 23 février dernier, des accords-cadres ont été signés entre Stellantis et les autorités égyptiennes pour l’implantation d’une usine automobile dans le pays. Le projet d’un investissement de 35 millions de dollars permettra la production de voitures électriques d’ici 2025.

Le 8 mars dernier, le groupe Stellantis a annoncé en Afrique du Sud la signature d’un protocole d’accord avec le fonds public IDC (Industrial development corporation) et le DTIC (Department of trade industry and competition) pour fabriquer des modèles de véhicules du groupe. L’usine de fabrication Stellantis en Afrique du Sud sera opérationnelle d’ici 2025.

L’Afrique du Sud et le Maroc sontles deux leaders de la construction automobile en Afrique. La nation arc-en-ciel, à l’instar du Maroc, dispose d’un écosystème automobile développé avec de nombreux sous-traitants, de fournisseurs et d’équipementiers automobiles.

Quelques jours après, le groupe Stellantis a annoncé le 19 mars dernier des investissements de Stellantis et de ses fournisseurs d’un total de plus de 200 millions d’euros pour fabriquer en Algérie 4 modèles de voiture. Le démarrage de cette usine implantée à Tafraoui, près d’Oran, est prévu fin décembre 2023 avec la production de Fiat 500. A l’horizon 2026, cette unité aura une capacité de production annuelle de 90.000 unités et créera près de 2.000 emplois.


Avec ces implantations, Stellantis table sur une production de 700.00 voitures par an au niveau de la région Afrique et Moyen-Orient à l’horizon 2030. Le groupe espère avec sa force commerciale et ses implantations écouler un million de véhicules. L’objectif est d’atteindre une part de marché de 22% à l’horizon 2030 et faire de cette région le troisième moteur de croissance du groupe derrière l’Europe et l’Amérique du Nord. Pour cela, le groupe table sur la gamme large de ses marques: Abarth, Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, DS Automobiles, Fiat, Jeep, Lancia, Maserati, Opel, Peugeot, Ram, Vauxhall et Free2move.

Enfin, le groupe Stellantis compte implanter des unités intégrées localement et non des usines de montages de kits automobiles importés. D’ailleurs, le groupe se fixe comme objectif de porter son taux d’auto-approvisionnement au-delà des 70% à l’horizon 2030.

Par Moussa Diop
Le 10/05/2023 à 09h49