Construction automobile: avec l’implantation d’une usine Toyota, l’Egypte carbure pour rattraper le Maroc et l’Afrique du Sud

Une unité de montage automobile de Toyota.

Le 05/05/2023 à 07h27

L’Egypte souhaite rattraper son retard sur les deux premiers constructeurs automobile africains: le Maroc et l’Afrique du Sud. Le pays multiplie les accords d’implantation de constructeurs mondiaux et de fabricants de composants. Après General Motors, Nissan… c’est le japonais Toyota qui vient d’annoncer l’implantation de deux unités de montage en Afrique dont une en Egypte.

Si l’Afrique du Sud et le Maroc sont jusqu’à présent, et de loin, les deux leaders de la production automobile au niveau du continent, pour ne pas dire véritablement les seuls, la situation devrait évoluer dans les prochaines années avec la montée en puissance de l’Egypte qui entend bien rattraper son retard.

Ainsi, depuis quelques moins, le pays des pharaons multiplie les annonces d’implantation de constructeurs automobile dans le pays. Dernière en date, l’annonce de Toyota relative à l’implantation d’une unité de montage automobile d’une capacité de 100.000 véhicules. Cette annonce, en fin de semaine dernière, et été faite lors de l’étape égyptienne du périple africain du Premier ministre japonais Fumio Kishida. Selon les responsables japonais, ce sont deux unités du constructeur automobile nippon qui seront implantées en Afrique. «La société établira deux usines sur le continent avec chacune une capacité de production de 100.000 voitures par an», a souligné Jun Karube, président du conseil d’administration de Toyota Tsusho, conseiller exécutif principal et ancien président de Toyota Tsusho. Ce sera ainsi la plus grande unité de montage automobile d’Egypte.

Si le nom de l’Egypte a été révélé, le responsable japonais n’a, par contre, pas donné le moindre signe sur celui du second pays où Toyota implantera sa deuxième usine de montage automobile. Il a toutefois donné des indications sur les raisons du choix de l’Egypte dont la disponibilité d’équipementiers et de sous-traitants, l’existence d’une main d’œuvre qualifiée et un environnement favorable.

D’ailleurs, les autorités égyptiennes ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Selon Hossam Heiba, PDG de l’Autorité générale pour l’investissement et les zones franches (GAFI), l’Egypte compte sur les investissements et le transfert de technologies japonais. «Cette année, l’accent sera mis sur le marché japonais, avec le Conseil d’affaires égypto-japonais prévu en août, et une visite promotionnelle au Japon pour attirer les investissements en Egypte qui sera organisé en septembre». Parallèlement, l’Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro) va organiser une visite d’homme d’affaires nippons en Egypte dans le but de promouvoir le commerce et l’investissement entre les deux pays.

Lors de la visite du Premier ministre, les hommes d’affaires l’accompagnant ont discuté avec les autorités égyptiennes du climat des affaires dans le pays, des incitations fiscales au profit des investisseurs, de la célérité des procédures pour la création d’entreprises, des avantages offerts pour l’implantation dans les zones franches générales et spéciales, les zones économiques du canal de Suez, et les zones techniques…

L’Egypte, qui accuse un retard considérable au niveau du secteur de montage automobile vis-à-vis des deux principaux acteurs africains, le Maroc et l’Afrique du Sud, compte combler ce gap dans les années à venir. A ce titre, le pays s’est engagé dans la production de voitures électriques en partenariat avec la Chine.

Dans ce cadre, le 22 février dernier, le Premier ministre égyptien, Mostafa Madbouly, a annoncé que l’Egypte a signé trois accords-cadres contraignants avec les constructeurs automobiles Nissan (Japon), General Motors (USA) et Stellantis (groupe automobile multinational regroupant PSA Peuget-Citroën, Fiat et Chrysler Automobiles). Les trois constructeurs vont investir 145 millions de dollars et implanter des sites de montage dotés des capacités de production allant de 60.000 à 70.000 unités chacune par an, soit un total compris entre 180.000 et 210.000 unités par an.

Durant le même mois, le constructeur allemand BMW a annoncé le début de l’assemblage de véhicules de la marque en Egypte avec une unité dotée d’une capacité de 10.000 voitures par an. Ce projet monté en partenariat avec l’entreprise égyptienne Global Auto Group, importatrice officielle de la marque en Egypte, assemblera localement les modèles de luxe dont la BMW X, appartenant à la catégorie SUV du constructeur allemand.

A noter aussi que Mercedes-Benz a annoncé son intention d’implanter une unité de fabrication de véhicules électrique en Egypte où le constructeur allemand réalise un centre logistique dans la zone économique du canal de Suez.

Dans le même registre, la société égyptienne Al Nasr Automotive Company compte démarrer cette année la production de voitures électriques en partenariat avec des opérateurs chinois. L’unité sera dotée d’une capacité de production de 50.000 unités par an.

Ainsi, ces nouveaux, acteurs vont s’ajouter à ceux déjà présents sur le sol égyptien pour doper la production automobile locale.

Cela permettra à l’Egypte de réduire son gap vis-à-vis du Maroc et de l’Afrique du Sud. Dans chacun de ces deux pays leaders, la production automobile dépasse annuellement les 500 000 unités.

Outre le montage automobile, l‘Egypte compte également développer son écosystème automobile en attirant des sous-traitants et des équipementiers mondiaux. A ce titre, à fin 2022, le géant japonais du câblage automobile Sumitomo a annoncé la construction d’une grande unité au pays du Nil avec un investissement de 100 millions de dollars. La production de cette unité, qui sera dédiée en totalité à l’export, débutera fin 2023.

De même, le fabricant de composants automobile nippon Yazaki a annoncé la construction d’une usine de fabrication de systèmes électriques pour voitures en Egypte pour un investissement de 20 millions d’euros avec un démarrage d’activité prévu fin 2024.

Ces investissements dans le montage automobile et la production de composants rentrent dans le cadre de la politique de développement de la filière automobile grâce au plan «Egypt Vision 2030».

Par Moussa Diop
Le 05/05/2023 à 07h27