C'est dans un trou de verdure au cœur de Libreville que le Cirque de l'Equateur organise l'essentiel de ses activités. L'entrée du site est rythmée par le chant des oiseaux perchés sur les manguiers et les bananiers. Signe que le projet agonise, les tatamis partent en lambeaux, les longes de sécurité sont rompues et les filets pour les acrobates ont disparu. Pourtant, l'équipe du formateur Corneille Mba Edzang déborde d'énergie et d'envie.
«Nous nous efforçons de continuer à transmettre cet art qui nous a été aussi transmis par nos aînés. Avant, Jean-Yves Thegner, qui est le fondateur du Cirque de l'Equateur, avait une organisation qui mettait les moyens pour pouvoir encadrer cette jeunesse», soupire-t-il.
C'est à croire que le missionnaire français a été enterré avec le projet. Car depuis sa disparition en 2020, la seule école de cirque du Gabon - et sa seule troupe - luttent pour sa survie. Mais en dépit des difficultés, les acrobates n'abdiquent pas et rêvent toujours de lendemains meilleurs. «On peut bien vivre du cirque au Gabon. Il suffit que le ministère des Sports et de la culture organise des événements qui nous permettent de tirer notre épingle du jeu», pense Erwild Farel Matsengui, artiste du cirque.
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Depuis 2009, le ministère de la Culture a arrêté de verser sa subvention annuelle de 500.000 FCFA (750 euros). Le cercle vicieux s'est alors enclenché. Sans moyen et sans matériel, le Cirque de l'Équateur ne peut répondre aux nouvelles exigences des grands chapiteaux. Dans ce contexte d'austérité, les derniers gardiens du temple envisagent de passer la main à la nouvelle génération.
«Vraiment, il faut beaucoup supporter. On a besoin de remplaçants pour les jours qui viennent. On est en train de prendre de l'âge, donc on veut former la relève», confie Faustin Obame Engoang, équilibriste.
Cirque Bouglione 1994-1995, Festival de Shanghaï 1998-2000, Festival de Rome 2000... Les pancartes rouges accrochées aux arbres rappellent l'âge d'or de la troupe qui parcourait le monde.
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Pur produit du Cirque de l'Equateur, Hugues Ndongo est aujourd'hui formateur dans les écoles françaises des arts urbains. «J'ai eu à faire du cirque aux Etats-Unis et un peu partout grâce au Cirque de l'Equateur. Je suis vraiment fier de ce qu'ils font malgré les difficultés», déclare celui qui est est en mission de détection des jeunes talents dans son ancien univers.
Le temps passe, les difficultés s'agrandissent, mais l'objectif de l'école reste le même qu'à ses débuts: récupérer les jeunes désœuvrés et leur offrir une formation pour qu'ils deviennent des artistes aguerris, qu'ils puissent avoir des contrats, voyager et vivre de leur art.