A Libreville, les prix des denrées alimentaires de première nécessité connaissent une flambée et ce, depuis plus de deux ans. Une situation qui en inquiète plus d’un. Rencontrée dans les rayons d'un magasin d'alimentation, Annie Okoumba, une sexagénaire, est presque surprise du niveau d'inflation de la viande et de la volaille surgelées.
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«J'ai 15.000 et le carton de cotilles (côtelettes de porc, Ndlr) et des ailes dures (ailes de poulet surgelées, Ndlr) coûtent 16.500 francs Cfa. Maintenant, je fais comment ?», se lamente-t-elle, visiblement déçue de devoir renoncer aux achats dans ce magasin du quartier Nkembo à Libreville. Elle devra sans doute se rabattre sur les revendeurs dans les petits marchés.
La dépendance du Gabon aux importations pour les produits de première nécessité est l'une des raisons qui justifie l'envolée des prix. C'est ce que constate une autre cliente sur place, Marcelle Oyane, venue s'approvisionner en huile de cuisine et quelques ingrédients pour son repas du soir.
«Par rapport à ça, si les gens du gouvernement peuvent faire quelque chose par rapport à la flambée des prix... Beaucoup de choses ont augmenté: le poisson, la viande, le poulet, l'huile et même ce qui est produit chez nous. Tout a augmenté», dit-elle.
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Les consommateurs ne sont pas les seuls à ressentir les secousses de la vie chère. Même les petits commerçants s'en plaignent. Leurs charges sont actuellement au dessus des revenus de vente.
«Si tu n'arrives pas à vendre, tu vas payer le marché comment? Et c'est 15.000 francs cfa par mois. Tu n'arrives pas à vendre 15.000, comment tu fais pour nourrir ta famille?», s'indigne, Raïssa Asseko, commerçante au marché d'Akébé.
Les prix de la farine, du lait, de l'huile, des œufs, du poisson, de la viande et de la volaille sont passés du simple au double, voire au triple. Chez les grossistes alimentaires, comme Ali Hachem Angoué, cette situation s'explique par la fermeture momentanée des frontières terrestres du pays, au début de la pandémie du Covid-19. Ceci a eu pour conséquence de limiter le flux des marchandises. A côté de cela, l'inflation du moment est selon lui aggravée par les pressions fiscales au niveau de la Douane.
«Les produits qu'on vendait à 3.500 se retrouvent aujourd'hui à 6.500. C'est le cas des huiles de cuisine. Malgré cette augmentation, on ne parvient pas à avoir une marge bénéficiaire, parce qu'il y a en plus des clients qui ne peuvent s'offrir le luxe du gros, donc nous sommes parfois obligés de compatir avec cette catégorie de clients. Et la Douane a augmenté les taxes», dit-il.
D'après la Direction générale de l'économie et de la politique fiscale, cette hausse est justifiée par les effets induits des mesures restrictives prises par le gouvernement dans le cadre de la riposte contre la pandémie de Covid-19.