Gabon: la révolution du digital menace l'existence des cybercafés à Libreville

VidéoAvec l'internet à portée de main, Libreville assiste inexorablement à une mort programmée des cybercafés. Le constat est imparable, les cybercafés n'ont plus la côte des débuts 2000. Malgré tout, certains font de la résistance et s'adaptent à la situation.

Le 29/01/2022 à 07h48, mis à jour le 29/01/2022 à 08h09

Il y a encore quelques années, les cybercafés mettant à disposition de leurs clients des ordinateurs connectés à Internet, se multipliaient dans les centres-villes, les rues commerçantes ou à proximité des gares des villes. Aujourd'hui, ces cybers, comme ils son appelés, ont presque disparu.

La généralisation de l'ordinateur à domicile, ainsi que la démocratisation de la connexion WiFi (sans-fil) et des terminaux mobiles sont bien sûr à l'origine de ce déclin. Si bien que dans les grands centres urbains comme Libreville, les rares cybercafés qui font encore de la résistance ne s'adressent plus particulièrement aux étudiants ou aux jeunes actifs, comme à leurs débuts.

«Après analyse, j'ai constaté que ce n'est pas tout le monde qui a les moyens de s'offrir un smartphone avec de puissants giga. Et quand bien même certains en ont, il y en a qui prennent des virus et donc pour sortir des fichiers ceux-là sont obligés de recourir aux cybers. Autre chose, ma clientèle est parfois constituée de travailleurs étrangers qui gardent contact avec leur pays d'origine par courrier électronique», témoigne Salif Toukam, qui tient une boutique dans le quartier populaire d'Akébé de la capitale gabonaise.

Face à la crise, Salif Toukam qui a ouvert son établissement dans ce quartier animé de Libreville il y a longtemps, a dû diversifier son offre de service.

«La seule activité cyber ne me permet pas de vivre, néanmoins les jeunes du quartier viennent en groupe pour pratiquer des jeux vidéo. Même ceux qui disposent d'un ordinateur à la maison préfèrent l'ambiance de la boutique», raconte-t-il.

En effet, les cybercafés sont amenés à diversifier leurs activités. Outre les jeux, ils vendent désormais des travaux de bureautique ou des photocopies. Les yeux rivés sur son poste, Franck Moukimou est un nostalgique de ces lieux de socialisation. «J'y viens pour checker mes mails, discuter avec mes connaissances. Entre le cyber et moi, c'est une question d'amour. J'ai toujours connu ça. Je ne peux pas faire autrement que de toujours venir. Puis avec le vol de téléphone qui est récurrent ici, on a toujours recours au cyber», confie-t-il

Certains établissements, comme, cette boutique de Salif Toukam jouent même le rôle d'écrivains publics: les gérants rédigent, contre une menue rétribution, des lettres pour le compte de leurs clients.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 29/01/2022 à 07h48, mis à jour le 29/01/2022 à 08h09