Gabon: à la découverte des nouveaux vendeurs de moutons

VidéoCette semaine, les bergeries de Libreville étaient ouvertes à la vente des bêtes vivantes. Les musulmans viennent y acheter le mouton dont le sacrifie pour l’Aïd el-Kébir de ce samedi 9 juillet sur l'ensemble du territoire.

Le 09/07/2022 à 11h14

C'est un secret de polichinelle que d'affirmer que ce business séculaire, et très lucratif, est tenu par les communautés d'éleveurs peuls et haoussas, dont la migration part du Tchad en passant par le Cameroun frontalier du Gabon. Mais progressivement, ce marché se démocratise avec de nouveaux acteurs aux profils différents, croisés sur le terrain.

Sur cette aire du pont d'Akébé dans le 3ème arrondissement de la capitale gabonaise, blouson maron, une barbe ronde avec quelques aides à ses cotés, Mapangou Ngowet commence sa journée de vendeur de moutons. Le jeune Gabonais s'y est d'abord mis par pure curiosité, avant d'en faire une opportunité d'affaire. «C'était au cours d'une rencontre avec papa Mamadou qui m'a attiré dans l'islam, et en même temps m'a montré le travail de berger. On fait comme les autres. On suit la cadence, un pas, après l'autre. Financièrement, disons que ça va», confie-t-il.

Le Gabon manque d’éleveurs, et il importe plus de la moitié de ses moutons chaque année pour la Tabaski (Aid el-Kébir), notamment en provenance du Cameroun voisin. Le commerce est si lucratif qu'il attire de plus en plus de monde. D'origine marocaine, Abdellah Mesroui abandonne le transport interurbain pendant la période d'avant-fête pour acheter et vendre des moutons.

Dans sa petite parcelle entourée de barrières, des dizaines de bêtes courent les uns derrière les autres. Ils bénéficient d’un accompagnement vétérinaire bi-mensuel, ne consomment que les aliments les plus sains, et sont choyés 24 heures sur 24 par du personnel dédié. «On importe les moutons du Cameroun. On se prépare pour la fête. Mais mon idée, c'est de faire l'élevage au niveau du Gabon. Je connais presque tout le territoire gabonais», explique-t-il.

Amadou Bello, le doyen du marché, ne tarit pas d'éloges au sujet d'Abdallah Mesroui, qui met son expertise de descendant d'éleveurs au service des vendeurs de moutons du site du pont d'Akébé à Libreville. «C'est mon ami. Nous sommes ensemble depuis longtemps. Vous savez qu'au Maroc, ils sont en avance sur nous dans l'élevage. Donc il nous apprend beaucoup de choses sur l'élevage», témoigne le coordonnateur du marché de moutons à Libreville.

Dans un contexte inflationniste qui n'épargne aucun secteur, les prix de vente des moutons varient entre 150.000 et 300.000 francs CFA par tête. La conséquence directe de cette Tabaski à prix d'or est que les clients ne se bousculent pas dans les espaces marchands de Libreville.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 09/07/2022 à 11h14