La quarantaine révolue, Bakissou Baba remplace à ce poste un Gabonais d'origine, Francois Mbatchi Makaya, décédé le 18 novembre 2018. Confirmée par un arrêté municipal du 21 avril dernier, c'est en présence des parents, amis et connaissances qu'elle a été installée officiellement dans ses nouvelles fonctions par le maire du 3ème arrondissement de Libreville, le week-end dernier. Une promotion qui revêt tout un symbole pour la communauté haoussa dont l'intégration se fait de façon progressive à tous les échelons de la société gabonaise.
«Au moment où vous prenez vos fonctions, Mme Baba, sachez que vous devenez dépositaire de l'autorité de l'État. A cet effet, vous devriez être juste et impartiale envers tous vos administrés. Bien plus que la simple mère de famille que vous étiez autrefois, vous devenez la cheffe d'un grand quartier. Votre oreille doit désormais être plus attentive et votre vigilance plus accrue. Votre mission n'est pas facile, mais je sais compter sur votre détermination», a dit Jeanne Ngombelet, maire du 3ème arrondissement de Libreville, à l'endroit de la promue.
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Au Gabon, le chef de quartier représente le premier échelon de l'autorité de l'État au niveau communautaire. Il joue un rôle déterminant dans la protection des civils et la réconciliation des populations en cas de litige ou de conflit. Bakissou Baba a ainsi du grain à moudre à la tête d'un quartier cosmopolite et à la réputation sulfureuse. Déterminée, elle fixe déjà ses premiers défis: «Mon premier combat, c'est la lutte contre l'insalubrité dans le quartier. Puis, je vais m'attaquer à la lutte contre le grand banditisme. Je sais compter sur la collaboration de nos forces de police qui ont un commissariat juste à coté. C'est un défi à relever, et je vais le relever», a-t-elle assuré.
Les Haoussas, qui sont par tradition commerçants et musulmans, se sont imposés pendant la période coloniale comme intermédiaires entre les populations fangs (autochtones) et les colons dans la province de Woleu-Ntem, notamment à Oyem et Bitam, les principales villes de la région. Mais les Haoussas ne sont pas que dans la capitale provinciale du Woleu-Ntem, puisqu'on les retrouve également dans d'autres provinces comme l'Ogooué-Ivindo (Nord-Est).
Arrivés au Gabon vers le 19ème siècle en provenance du Tchad, du Nigéria et du Cameroun, les Haoussa ont été formellement reconnus par les autorités administratives comme une ethnie à part entière du pays en 2005. Depuis lors, Il a été prescrit aux autres communautés nationales le rejet et la lutte contre les préjugés nuisibles à l'intégration et à la cohésion nationale, ainsi que l'adoption d'un regard différent vis-à-vis de la communauté haoussa, progressivement et qualitativement représentée au niveau de toutes les strates de la société gabonaise.