Devant un modeste parterre d'invités choisis par les jeunes étudiants et doctorants de la province du Haut-Ogooué, les orateurs, tous universitaires, y sont allés de leurs analyses sur les droits de la femme gabonaise, reconnus par le législateur mais qui se heurtent toujours et encore aux obstacles sociaux.
Pour Dr Ornella Ndombi Loubangoye, enseignante au département de Littérature africaine à l'université Omar Bongo de Libreville, les stéréotypes sexuels, ainsi que les pesanteurs sociales et culturelles, sont, entre autres, les facteurs identifiés comme des obstacles à l’émancipation de la femme.
«On oublie souvent que la femme gabonaise n'est pas au service de l'homme. La femme est là pour travailler en commun accord avec l'homme, pas pour le servir. Et même si la tradition définit la femme comme celle qui donne la vie, on a tendance à oublier qu'elle fait partie de la société et qu'elle a son mot à dire», a dit l'oratrice, soulignant que la femme doit travailler avec l'homme et non pour l'homme.
Un avis en phase avec le nouveau un cadre légal et réglementaire du pays. Pour rappel, le Gabon a signé et ratifié la plupart des conventions, traités et lois qui garantissent les droits des femmes.
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Mais d'autres analystes redoutent l'application de ces conventions internationales sans tenir compte de l'environnement socio-culturel de chaque pays. C'est le point de vue défendu par Dr Aurélie Ayeni, spécialiste des questions de genre et de l'histoire des femmes: «L'ONU prend des lois sous le prisme de l'européocentrisme. Il faudrait qu'on prenne ces lois en tenant compte de nos cultures. Pendant l'exposé, il nous a été demandé pourquoi les femmes ne sont pas initiées au djombi (rite initiatique du sud du Gabon). J' ai répondu en disant que la société gabonaise est organisée de telle sorte qu'il y a des confréries typiquement masculines et des confréries typiquement féminines. Cela ne voulait pas dire qu'il y a la discrimination. Chacun trouvait sa place.»
Si l’égalité de traitement entre femmes et hommes a progressé sur le papier, elle doit encore progresser dans les faits, estime Wilfried Térance Louba. «Les textes pris aujourd'hui et ceux d'hier ont déjà prévu un certain nombre de choses. Il y a des améliorations qui doivent être faites. Aussi bien avec le législateur qu'avec le politique, il y a des efforts qui doivent être faits pour éliminer les différentes discriminations qui existent entre l'homme et la femme», recommande ce docteur en droit en public.
C'est par un jeu de contes en langue vernaculaire et des prestations d'artistes que l'association LEMO a mis fin à la 1ère édition de la Fête de la fraternité. Des moments d'échanges et de partage que les promoteurs de l'événement entendent rééditer lors des grandes vacances à Libreville ou à Franceville, chef-lieu de la province du Haut-Ogooué.