Vidéo. Gabon: privés de terrains et de revenus, les footballeurs professionnels dépriment

le360 Afrique/Isamel

Le 06/06/2021 à 13h04, mis à jour le 06/06/2021 à 13h05

VidéoLe Gabon a mal à son football. Entre arriérés de salaires dûs aux clubs et état de délabrement avancé des infrastructures, les footballeurs oscillent entre déprime et colère. Les autorités ont décidé d’y remédier en adoptant un nouveau modèle économique pour le football gabonais.

Deux mois à peine après sa qualification pour la prochaine coupe d’Afrique des Nations, l’équipe nationale gabonaise de football amorce un saut vers l'inconnu.

La pandémie du Covid-19 a mis à nu les carences du football gabonais. Le championnat est suspendu depuis plus d’un an et les professionnels sont privés de leur jeu sur les terrains, à cause de la pandémie, mais aussi parce que leurs salaires ne leur sont plus versés, depuis que l’Etat a arrêté l’aide aux clubs.

Un joueur du championnat gabonais gagne environ 200 euros par mois, soit tout juste de quoi vivre au quotidien. Mais depuis que l’Etat a coupé son aide aux clubs du pays, l'aide Covid décidée par la fédération internationale de football a été perçue comme une bouffée d'oxygène par les sportifs.

Il s'agit d'une enveloppe de 300 millions de francs CFA, dont la distribution aux clubs et aux joueurs devait être assurée par la fédération gabonaise de football en deux phases. Le premier versement de cette cagnotte s'est bien déroulé, mais le mode de gestion de la deuxième tranche de cette aide a récemment provoqué des tensions entre la fédération et les associations de footballeurs.

Pour Remy Ebanaga, président du syndicat des joueurs professionnels, la crise sanitaire aggrave la situation du football gabonais, qui était déjà difficile avant la pandémie.

De plus, les impayés de salaire dont sont victimes les athlètes, la gestion des stades, hérités de l'organisation de deux coupes d'Afrique que le Gabon a abritées, laisse à désirer.

Depuis cette mise à l'arrêt forcé, le football se développe dans les rues des différents quartiers des villes et des centres urbains du pays, dans une quasi-clandestinité. Les férus du ballon rond bravent les restrictions sanitaires pour se faire plaisir sur des terrains nus.

C'est l'avis de Franck Moussavou, président d'un fanclub de football du quartier Belle-Vue 2, à Libreville, interrogé par Le360 Afrique: «tous ceux que vous voyez là, la plupart sont les joueurs qui évoluent en championnat. Mais faute de compétition, ils se retrouvent ici chaque week-end pour maintenir leur forme et ainsi être prêts le jour ou on les appelle pour dire que la compétition a repris».

Ce week-end-ci ressemblent aux précédents, pour Malick Diallo. Ce joueur de Mounana FC, d'origine sénégalaise, et recruté par ce club phare de Libreville et du championnat gabonais n'a plus foulé la pelouse d'un stade de football depuis plus d’un an.

Sur ce terrain vague à l'extérieur du complexe sportif d'Angondjé au nord de Libreville, il effectue quelques exercices dits «de dégraissage» et comme tant d'autres joueurs nostalgiques d'un contact avec le public dans les stades, il regrette la période d'avant. 

Devant ce marasme, les autorités ont décidé de réagir: repenser le football gabonais, aujourd'hui en déclin. C'est d'ailleurs la mission d'une taskforce, dont une première réunion des membres qui la composent s'est tenue le mois dernier à Libreville.

Après avoir tenté une infructueuse expérience de professionnalisation du football, avec l'injection de près de 54 millions d'euros de subvention annuelle allouée aux clubs pendant quatre ans, le gouvernement en appelle aujourd'hui aux entreprises du Gabon, pour qu'elles investissent dans le football local. 

Franck Nguema, ministre gabonais des Sports, veut bâtir un nouveau modèle économique pour sauver sortir le football de l'ornière. Celui-ci doit, selon lui, être conçu dès à présent sur la base d'un partenariat entre l'Etat et des entreprises privées, à même de financer ou de sponsoriser les clubs de football du pays. 

Par Ismael Nguema (Libreville, correspondance)
Le 06/06/2021 à 13h04, mis à jour le 06/06/2021 à 13h05