Après plusieurs petits boulots, Djéssira Diabaté rencontre le bois, la menuiserie, en tombe amoureuse et, depuis, elle en a fait sa passion et son gagne-pain. A la rencontre de cette dame qui pratique des métiers d’hommes.
Au centre de formation professionnelle de Donka, une des plus anciennes écoles du pays fondée avant l'indépendance. Ici, une femme taille du bois pour en faire des portes, des lits et autres articles de ce genre. Ce type de profil, Conakry n’en compte pas beaucoup.
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Djéssira déborde d'énergie. Elle ne passe pas inaperçue, seule, entre ces nombreux hommes.
Sa passion pour le bois est arrivée très tôt. «J’ai abandonné mes études au niveau bac. Après, j’ai décidé d’être autonome, je suis alors allée vers les centres de formation. Et puis, à l’époque, je me devais de soutenir ma maman à tout prix, tout cela a fait que j’ai pris cette orientation», raconte-t-elle.
Une fois orientée dans une école de formation professionnelle, Diabaté enchaine plusieurs petits boulots dans les mines! Mais elle tombe malade. A cause d'un problème aux yeux, l’écran lui est interdit. Elle se lance alors dans l’agriculture, puis, très rapidement, à la surprise générale, décide de changer de vocation. Alors elle enchaîne les formations dans divers domaines.
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«J’ai fait trois ans de formation avec les Canadiens. Ensuite, j’ai eu la chance de bénéficier d’une autre formation avec les ouvriers africains. J’ai obtenu un stage à l’usine de Fria (établissement spécialisé dans l'alumine, ndlr). Là, j’ai tapé 5 ans sans contrat. Et finalement j’ai opté pour l’entrepreneuriat. Je voulais être autonome. Donc, je n’ai pas eu de soutien. J’ai trouvé un petit magasin à Friaville, et c'est que là j’ai débuté avec 20 planches», détaille-t-elle pour résumer ses débuts chaotiques.
Sans emploi, fatiguée de rester à ne rien faire, elle a une idée à l’époque jugée irrationnelle, devenir ménuisière ébéniste. Aujourd’hui, sa plus grande fierté ce n’est pas seulement d’avoir embrassé un métier qu’on dit réservé aux hommes, mais pour elle Djéssira, c’est d’avoir réussi à créer un atelier, donc des emplois, puis de former de jeunes Guinéens. Son mari décédé tôt, Djéssira a réussi à tirer de cette activité de quoi nourrir et éduquer ses enfants. Aujourd’hui, pour elle la menuiserie ce n’est pas seulement son gagne-pain. Mais aussi, comme elle le dit souvent, c’est sa vie. «Le bois, c’est ma vie», répète-t-elle comme un hymne à son perpétuel défi.