Le temps passe et Ahmed Sékou Touré garde toujours ses admirateurs inconditionnels et ses ennemis irréductibles. Pour trouver ceux pour lesquels il reste un modèle, direction le siège du Parti démocratique de Guinée (PDG-RDA). Le secrétaire général par intérim de cette formation politique, Oyé Guilavogui, souligne: «Le camarade Ahmed Sékou Touré, pour nous, va au-delà du PDG-RDA, c'est un citoyen du monde». Il estime également qu'«à l'époque, les peuples africains étaient dominés et aliénés. Il a fallu ce courage du président Ahmed Sékou Touré pour tenir tête au colonialisme français.»
Cependant, si Ahmed Sékou Toureé est aujourd'hui considéré comme un artisan majeur de la libération du peuple africain, en Guinée, son mode de gouvernance reste encore fortement critiqué. A ce propos, Fatoumata Binta Tawel Camara, responsable de la section féminine du parti explique que «le monde, c'est un changement, un homme meurt mais il laisse ses bonnes idées». A titre d'illustration, elle rappelle que «le PDG a été sanctionné durant 8 ans, et jusqu'à présent on n'a pas pu avoir un Sékou Touré. C'est pourquoi nous souffrons aujourd'hui. C'est pourquoi les enfants chôment aujourd'hui.»
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Aujourd'hui encore, impossible de parler de Sékou Touré sans évoquer le tristement célèbre camp Boiro. Là aussi, Oyé Guilavogui répond que tout dépend du contexte: «Certaines personnes le qualifient de tyran et très malheureusement pour ces personnes, c'est dommage, parce qu'elles ne connaissent pas l'histoire du PDG, ni celle de la Guinée, de l'Afrique et du monde.»
Abordant la mort au camp Boiro de Telli Diallo, premier secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (ancêtre de l'Union africaine), Tawel Camara déclare que ce n'est pas le président Sékou Touré qui l'a fait exécuter. Aujourd'hui, le constat fait longtemps après le décès du président Sékou Touré, c'est bien le fait que son héritage divise encore les Guinéens.