En début 2016, l'installation des premiers compteurs prépayés avait provoqué des remous à Kaloum, commune populaire de Conakry, qui abrite la plupart des institutions républicaines et diplomatiques. EDG, la société en charge de la fourniture de l'électricité en Guinée, avait donc mis en veilleuse l'opération d'installation pour poursuivre la sensibilisation. Mais un an après, les compteurs prépayés ont reçu un accueil hostile en banlieue de Conakry. Quelques-uns récemment installés dans cette commune ont été vandalisés par des inconnus.
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Pourtant, les autorités de l'EDG n'entendent pas baisser les bras. Ils ont donc décidé de poursuivre la sensibilisation pour faire comprendre le bien-fondé de l'installation des compteurs prépayé. "L'installation de ces compteurs doit s'étendre sur tout Conakry et les villes de l'intérieur du pays... Nous nous préparons pour ça ", a dit Madjou Diallo, le chargé de la communication d'EDG, après l'acte de vandalisme contre les compteurs de la société.
Pour les responsables d'EDG, la continuation de la desserte en électricité passera aussi par l'installation de ces compteurs prépayés. D'où la nécessité de poursuivre la sensibilisation. Ainsi, affiches, radio et télé font-elles la publicité des compteurs prépayés en français, mais aussi en langue locale. En 2016, des rencontres ont même été organisées dans les quartiers pour expliquer les avantages du compteur prépayé. " Avec NAFA ( la carte de recharge de ces compteurs ) vous pouvez suivre votre consommation au jour le jour. Et lorsque votre crédit est sur le point de s'épuiser, votre compteur vous avertit. Vous pouvez alors le recharger à partir de 2.000 mille francs guinéens et dans n'importe quelle agence EDG ", a expliqué à Kaloum, Mamady Kouyaté, chargé de l'étude et de l'installation des compteurs prépayés.
A plusieurs occasions, Kouyaté a expliqué que " l'installation des compteurs est inévitable. Sinon, l'Etat ne pourra pas répondre à tous les investissements qui sont en train d'être faits dans le secteur de l'électricité. " Aussi, poursuit-il, sans le paiement correct de l'électricité, la Guinée risque de perdre des possibilités de financement de son secteur énergétique par les partenaires internationaux.
L'installation des compteurs à prépaiement a commencé en décembre 2015 suite à un accord entre l'Etat guinéen et le groupe français Véola pour la gestion d'EDG. En janvier 2017, alors qu'il passait la main à son compatriote français Abdendi Attou, l'ancien directeur d'EDG Augustin Lovichi s'est quand même félicité d'être parvenu à installer 1.800 compteurs. A l'EDG, on précise que ce sont les entreprises qui sont plutôt enclines à tester le prépaiement. Quant aux foyers, beaucoup d'entre eux craignent encore ce mode de paiement de l'électricité. Surtout qu'à Conakry on peut utiliser son fer à repasser tous les jours, ne jamais éteindre sa télé ou débrancher son réfrigérateur pour ne payer que 40 mille francs guinéens (près de 4 euros) à la fin du mois. La facture d'électricité est même négociable avec certains agents d'EDG.