Même si la polygamie est interdite depuis 1968 en Guinée, les propos de ce journaliste vedette à une heure de grande audience sont très mal passés. Pour la Haute Autorité de la Communication (HAC), le journaliste d'Espace FM a dépassé les limites. Ses propos constituent un outrage à la pudeur, une violation de la dignité de la personne humaine et de la sacralité de l'homme. La HAC estime que Mohamed Mara a tenu des propos violents et grossiers à l'égard de millions de Guinéens « dignes dont la réputation et l'honneur sont ainsi atteints.»
En conséquence, la HAC a suspendu Mara de l'exercice effectif du métier de journaliste ou d'animateur, pour la période d'un mois à compter du 02 juin. Et ce, dans toutes les entreprises de presse exerçant en République de Guinée.
La HAC a aussi ordonné la suspension de l'émission «Les Grandes Gueules» de la radio Espace FM pour une durée de cinq jours, allant du 5 au 9 juin 2017.
Lire aussi : Sénégal-polygamie: quand la femme dicte les règles du jeu
Le gendarme des médias a profité de ce «dérapage» du journaliste pour rappeler aux journalistes guinéens «que la liberté d'expression ne les autorise pas à tenir des propos injurieux et offensants.»
En disant que «tous les enfants nés à partir de 1968 [dans les familles polygames] sont des bâtards», Mohamed Mara commentait le récent mariage du chef de file de l'Opposition, Cellou Dalein Diallo, qui a épousé une deuxième femme. Ce mariage largement commenté par les médias guinéens a relancé le débat sur la légalisation de la polygamie. En effet, le Code civil interdit la polygamie en Guinée depuis 1968. Sauf que cette loi n'a jamais empêché les Guinéens y compris les hautes autorités d'épouser plus d'une femme. L'ancien président, Lansana Conté, en avait quatre. D'ailleurs, selon l’Institut national de la statistique, 48% des mariages en 2012 étaient polygames.
En 2016, un projet de loi visant à légaliser la polygamie dans le nouveau code en application depuis quelques mois n'avait pas prospéré en raison des nombreuses critiques essuyées par le gouvernement.