Sahel: la ministre française des Armées en service commandé à Washington

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Le 28/01/2020 à 12h12, mis à jour le 29/01/2020 à 08h24

Au moment où la spirale de violence terroriste qui frappe le Sahel connait une certaine ampleur, les Etats-Unis annoncent leur volonté de se désengager militairement de l'Afrique. Une décision surprise pour la France, qui essaye de convaincre Washington d'abandonner son projet de retrait.

La spirale de violences terroristes gagne du terrain au Sahel. Nouvelle illustration le dimanche 26 janvier 2020, avec l’attaque d’un camp de la gendarmerie malienne provoquant la mort d’une vingtaine de gendarmes et causant des blessures à 5 autres éléments, dans la localité de Sokolo (région de Ségou), proche de la frontière mauritanienne.

Un endroit éloigné de la zone des trois frontières, noyau des actions terroristes de ces derniers mois, qui concentre les actions militaires de la France et des forces du G5 Sahel.

C’est dans ce contexte de regain de violences au Sahel que Mme Florence Parly, ministre française des Armées, se rend à Washington dans le cadre d’une mission consistant à convaincre l’administration du président Donald Trump d’abandonner le projet de retrait des militaires américains du continent africain, donc du Sahel, pour les redéployer dans d’autres parties du monde, notamment en Asie suite, au développement de la tension dans le Golfe arabo-persique.

Les troupes américaines sont au nombre de 7.000 hommes. Elles sont présentes dans la Corne de l’Afrique et au Niger, pays situé dans l’épicentre du terrorisme au Sahel.

L’appui des Américains en matière de renseignements et de logistique est considéré comme «stratégique et incontournable» pour les 4.500 militaires de l’opération française «Barkhane», récemment renforcés par 220 nouveaux éléments, et les armées du Sahel, confrontées à une guerre asymétrique contre des groupuscules djihadistes connaissant parfaitement les vastes étendues désertiques et extrêmement mobiles.

La France est déterminée à tout faire pour amener Washington à revenir sur une décision qui pourrait avoir des conséquences sur l’issue de la guerre en cours.

Ainsi, c’est le branle-bas de combat. Les politiques, les diplomates et les militaires de Paris sont tous mobilisés pour le même objectif: décrocher le maintien des militaires américain au Sahel.

De manière concrète, ceux-ci assistent l’armée française «pour désigner les cibles, dans la fourniture du renseignement, le ravitaillement en vol et le transport logistique aérien».

Cette réalité incontournable sur le terrain explique parfaitement ces propos du président Emmanuel Macron, tenus lors de la réunion avec les chefs du G5 Sahel, qui s’est déroulée à Pau (Sud de la France) le 13 janvier courant: «J’espère pouvoir convaincre le président Trump que la lutte contre le terrorisme se joue aussi dans cette région».

Les pays du G5 Sahel, organisation dédiée à la lutte contre le terrorisme, l’insécurité et la coordination des actions de développement, sont le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 28/01/2020 à 12h12, mis à jour le 29/01/2020 à 08h24