Après le ralissement en 2019, l'heure est de nouveau à l'accélération de la croissance dans les pays au sud du Sahara, selon le rapport sur "Les perspectives de l'économie mondiale", publié ce mercredi 8 janvier 2020.
En afrique subsahariene "la croissance régionale devrait s’accélérer pour atteindre 2,9 % en 2020 (contre 2,4% en 2019), à condition que la confiance des investisseurs s’améliore dans certaines grandes économies, que les goulets d’étranglement énergétiques s’atténuent, qu’une hausse de la production pétrolière contribue à la reprise dans les pays exportateurs de pétrole et que la croissance continue d’être vigoureuse dans les pays exportateurs de produits agricoles".
Cela fait beaucoup de "si" et c'est ce qui explique que la Banque mondiale ait revu ses prévisions à la baisse par rapport aux projections établies en juin 2019 qui tabalaient sur une croissance régionale de 3,4%.
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Parmi les pays qui freinent l'embellie du continent, figure le géant sud-africain, deuxième économie du continent en termes de produit intérieur brut, qui malheursement ne parvient toujours pas à tirer son épingle du jeu. La croissance de son PIB ne devrait pas dépasser 0,9% en 2020, "en supposant que le programme de réforme de la nouvelle administration s’accélère, que l’incertitude politique se dissipe et que l’investissement redémarre progressivement".
Toujours pour l'Afrique du Sud, "les problèmes d’infrastructure de plus en plus contraignants, notamment dans le domaine de l’approvisionnement en électricité, devraient freiner la croissance intérieure, tandis que la dynamique des exportations sera entravée par la faiblesse de la demande extérieure".
L'autre géant, le Nigéria, se porte mieux, certes, mais reste en deça de la moyenne du continent. "La croissance (nigériane) devrait atteindre 2,1%", selon la Banque mondiale. Et d'ajouter: "le cadre macroéconomique, caractérisé par des taux de change multiples, des restrictions de change, une inflation élevée et persistante et une banque centrale visant une multitude d’objectifs, n’est pas propice à la confiance".
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Enfin la troisième plus grosse économie d'Afrique subsaharienne, l'Angola, est, quant à elle, affectée par la morosité des cours du brut, même s'il y a une légère amélioration. "Sa croissance devrait s’accélérer pour atteindre 1,5 %, à supposer que les réformes en cours assurent une plus grande stabilité macroéconomique, améliorent le climat des affaires et soutiennent l’investissement privé. Dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine, la croissance devrait se maintenir à 6,4 %", estiment la Banque mondiale.
Enfin souligne la Banque mondiale, "dans les pays exportateurs de produits agricoles, le maintien d’importantes dépenses publiques d’infrastructures, associé au regain d’activité du secteur privé à Madagascar, au Rwanda et en Ouganda, ou à la poursuite des réformes visant à accroître la productivité et la compétitivité des secteurs axés sur l’exportation, comme au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, continueront de soutenir la production".
Les pays au sud du Sahara doivent néanmoins craindre les facteurs exogènes. "Une décélération plus marquée que prévu chez les principaux partenaires commerciaux tels que la Chine, la zone euro ou les États-Unis entraînerait une baisse sensible des recettes d’exportation et des investissements", prévient le rapport.
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De même, "un ralentissement plus rapide que prévu en Chine provoquerait l’effondrement des prix des produits de base et, compte tenu de la forte dépendance des exportations et des recettes budgétaires de l’Afrique subsaharienne à l’égard des secteurs extractifs, pèserait lourdement sur l’activité régionale".
L'autre risque non négligeable est lié à l'endettement qui a fortement augmenté partout dans les pays d'Afrique subsaharienne. Les charges d'intérêt sont montées en flèche ces dernières années et si le rythme se maintient, il va sans dire qu'il y aura un effet d'éviction des autres dépenses.
L'Afrique subsaharienne fait face, chaque jour un peu plus, à la réalité du terrorisme, aux divers conflits et rébellions, notamment au Sahel. Il s'agit de plusieurs points de PIB qui partent en fumée, sans parler de l'avenir des enfants hypothéqué dans les zones de conflit.
Enfin, les phénomènes météorologiques extrêmes pourraient s'accentuer avec le changement climatique. Les conséquences risquent d'être plus importantes en Afrique qu'ailleurs, compte tenu du poids de l'agriculture, conclut la Banque mondiale.
Concernant l'Afrique du Nord, les pays importateurs de pétrole sont assez bien placés pour poursuivre leur forte croissance.
"En Égypte, la croissance devrait s’élever à 5,8 % au cours de l’exercice 2020, grâce à la hausse continue de la consommation privée et de l’investissement", estiment les experts de la Banque mondiale.
Pour le Maroc et la Tunisie, "les réformes politiques et la résilience du tourisme devraient stimuler la reprise de la croissance". Ces deux pays verront leur création de richesse progresser respectivement de 3,5 et 2,2 %, en 2020.
Les pays exportateurs de pétroles, l'Algérie et la Libye, font face à plusieurs incertitudes liées à des raisons internes ou des chocs internationaux. Leur croissance devraient être très limitées en 2020.