Transport aérien. Covid-19: 65% des avions des compagnies africaines ont retrouvé le ciel

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Le 17/02/2021 à 14h03, mis à jour le 17/02/2021 à 14h04

Plus de 35% des appareils des flottes du continent sont encore cloués au sol à cause du Covid-19. Toutefois, toutes les compagnies ne sont pas logées à la même enseigne. D’ailleurs, au niveau mondial, c’est un pavillon africain qui affiche le pourcentage le plus élevé d’avions en activité.

Le processus de réouvertures des frontières aériennes se poursuit au niveau du continent, en dépit de la seconde vague du Covid-19 aggravée par l’apparition de nouvelles souches plus contagieuses. Du coup, les compagnies aériennes du continent ont presque toutes repris du service pour assurer des vols domestiques et internationaux. Toutefois, à date d’aujourd’hui, une partie conséquente de la flotte du continent reste clouée au sol à cause de la persistance de la fermeture des frontières de nombreux pays, notamment européens, et de l’absence de passagers du fait des restrictions de voyages imposées encore par de nombreux pays.

Ainsi, selon les données de CH Aviation, au niveau mondial, en début février 2021, sur une flotte de 27.512 appareils, 19.833 sont actuellement actifs et 7.679 sont toujours cloués au sol. Autrement dit, 72% des appareils des compagnies aériennes mondiales sont aujourd’hui cloués au sol à cause de la pandémie du Covid-19 à l'origine des restrictions de voyages vers de nombreux pays.

Au niveau africain, sur une flotte de 1.290 appareils, 837 ont aujourd’hui repris du service et seulement 453 appareils sont encore cloués au sol, selon les données de Ch-Aviation, le spécialiste des renseignements sur les compagnies aériennes. Autrement dit, 35% de la flotte du continent est encore inactive.

Toutefois, cette moyenne cache des disparités énormes entre les compagnies aériennes africaines. Certaines d’entre elles affichent des taux exceptionnels. C’est le cas notamment de la première compagnie aérienne africaine Ethiopian Airlines qui compte 104 appareils actifs sur un total de 115 unités, soit un taux d’appareils actifs de 90,43%. La compagnie éthiopienne affiche le taux le plus élevé au niveau mondial devant les compagnies chinoises (89,76%), taïwanaises (89,60%), japonaise (87,20%) et brésilienne (86,29%).

Il faut souligner que la compagne aérienne éthiopienne est la seule compagnie africaine, et l’une des rares au monde, à ne pas avoir cloué au sol la totalité de sa flotte durant la période la plus dure de la pandémie. Elle avait réussi à dépasser cette période en misant sur l’activité cargo et en transformant certains de ses appareils de transport de passagers en cargo.

«Nous avons été très rapides, très flexibles et agiles pour déplacer nos forces et nos ressources sur le fret», indique Tewolde Gebremariam, PDG d’Ethiopian Airlines. Disposant d’une flotte cargo d’une quinzaine d’appareils, Ethiopian a fait preuve d’inventivité. En plus de transformer 25 appareils en avions cargo en les vidant de leurs sièges, la compagnie a aussi mobilisé 20 autres appareils dont elle a gardé les sièges, utilisant les ceintures pour sécuriser les colis transportés.

De même, elle avait continué à assurer certaines de ses dessertes de passagers vers la Chine alors que celle-ci était mise en quarantaine par presque toutes les autres compagnies du monde.

Outre l’Ethiopie, le Nigeria, première puissance économique du continent, et dont la flotte totale des compagnies aériennes compte 105 appareils, ne compte actuellement que 38 avions en service.

Il faut rappeler qu’en 2020, les compagnies aériennes africaines ont perdu 14 milliards de dollars de revenus passagersà cause de la pandémie du Covid-19 qui a cloué au sol la quasi-totalité de la flotte africaine durant plusieurs mois, selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), occasionnant une baisse de 78 millions de passagers en 2020, comparativement à 2019.

Conséquence de cette situation, les compagnies aériennes africaines, dont la majorité sont structurellement déficitaires, sont presque toutes plongées dans des crises de liquidité aiguës. Et avec des taux d’avions en activité globalement faibles, dépassant à peine 25% pour la plupart des compagnies, nombre d’entre elles sont incapables de faire face à leurs charges fixes: maintenance des appareils au sol, remboursement des dettes, frais locatifs, salaires des collaborateurs, et autres charges.

Malheureusement, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), le continent ne retrouvera ses volumes de trafics de 2019 qu’en 2023. D’ici là, avec les crises de liquidités que traversent de ombreuses compagnies, il n’est pas certain que toutes puissent traverser cette période de turbulence. Des faillites ne sont pas à écarter.

Par Moussa Diop
Le 17/02/2021 à 14h03, mis à jour le 17/02/2021 à 14h04