L’innovation et l’entrepreneuriat sont deux leviers importants, voire indispensables pour la croissance et le développement du continent africain. La prise de conscience de l’impact de ces deux variables est manifeste au sein des entreprises africaines, comme le relève l’étude menée par le cabinet international d’audit et de conseil Mazars dont les résultats ont été restitués lors de la 5e édition de l’Africa CEO Forum qui se tient à Genève, en Suisse.
Cette étude intitulée «Afrique: les nouvelles voies de l’innovation – dans le sillage des catalyseurs de l’intrepreneuriat et de l’open innovation» s'appuie sur des «entreprises et les entrepreneurs qui ont développé des initiatives locales pragmatiques et innovantes».
Les résultats de l’étude révèlent les engagements des travailleurs face à l’innovation. Ainsi, à la question, le manque d’ouverture de votre entreprise à l’innovation ou à l’intrepreneuriat vous inciterait-il à la quitter? Ce sont près de 70% des salariés interrogés qui répondent oui.
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Cela tombe bien quand on sait -c'est ce que révèle l’étude- que l’innovation est devenue une priorité stratégique pour un nombre croissant d’entreprises établies en Afrique. Pour se développer, certaines entreprises misent en effet sur le potentiel d’innovation de leurs collaborateurs quand d’autres font appel à des acteurs externes dans le cadre du concept d’open innovation développé au début des années 2000 par Henry Chesbrough, et qui fait référence à un processus d’innovation par lequel l’entreprise n’est plus «refermée» sur elle-même au sein de son département R&D, mais s’ouvre au contraire à une diversité d’acteurs extérieurs (chercheurs, entreprises partenaires, clients, étudiants, etc.).
Ainsi, «l’Afrique franchit-elle actuellement une nouvelle étape en matière d’innovation. Après les success-stories des fintechs et de la bancarisation du secteur des télécommunications, le continent connaît un nouvel élan avec les pratiques d’intrepreneuriat et d’open innovation qui apportent des solutions locales pragmatiques dans des environnements ne bénéficiant pas toujours des ressources internes et du cadre réglementaire propices à la création d’offres innovantes. C’est désormais aux entreprises de s’impliquer dans ce type de démarches afin de répondre aux besoins de proximité du marché et de créer une culture d’agilité qui les aidera à réinventer leur business model», explique Abdou Diop, Managing Partner de Mazars au Maroc.
Par ailleurs, l’étude Mazars révèle que «près de 90% des personnes interrogées affirment que «l’ouverture d’une entreprise à l’innovation et à l’intrepreneuriat est un critère qui les inciterait à la rejoindre».
Ces nouvelles données sur l’innovation expliquent le développement des écosystèmes entrepreneuriaux au sein du continent. Toutefois, dans ce cadre, l’Afrique anglophone et francophone n’avancent pas au même rythme.
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Avec Nairobi, Johannesburg, Cap, Kigali, Accra, Lagos, l’Afrique anglophone est globalement plus portée à l’innovation et à l’intrepreneuriat. Ce qui se reflète dans l’étude: «seuls 16% des personnes anglophones interrogées pensent que leur entreprise n’a pas fait de l’innovation une priorité, contre 25% côté francophone».
Toutefois, avec la mondialisation et les technologies de communication instantanée qui facilitent les interconnexions entre les écosystèmes du continent, d’une part, et l’alliance entre les start-ups et les grands groupes implantés en Afrique, d’autre part, ce gap peut être réduit.
In fine, si l’open innovation et l’intrapreneuriat se développent en Afrique, «beaucoup reste à faire, dans la majorité des écosystèmes, pour qu’émergent davantage d’entrepreneurs pérennes».