Le think tank canadien Fraser Institute, spécialisé dans la recherche et la formation, vient de publier son classement 2022 sur les «Libertés économique dans le monde». Ce rapport évalue dans quelle mesure les politiques et les institutions d’un pays sont compatibles avec la protection et la liberté des individus de prendre leurs propres décisions économiques. Les bases de la liberté économique sont, selon le think tank, le choix personnel, les échanges volontaires, la liberté d’accéder aux marchés, la libre concurrence et la sécurité des personnes et des biens privés.
Ainsi, l’Economic freedom of the world index (EFW index) de Fraser Institute mesure les perturbations du fonctionnement des processus de marché par les organismes publics, soit directement par l’interventionnisme étatique, soit indirectement par le biais de la réglementation et des institutions de marché. Quant aux donnés étudiées, l’institut s’est basé sur celles de 2020.
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Pour établir son classement, le think tank se base sur 5 indicateurs fondamentaux: la taille du gouvernement (dépenses du gouvernement, fiscalité et taille des entreprises publiques…), le système juridique et les droits à la propriété (indépendance de la justice, justice impartiale, protection des droits des propriétés, intégrité du système judiciaire…), l'accès à une monnaie saine et stable (inflation, masse monétaire, liberté de posséder des comptes bancaires en devises étrangères…), la liberté de faire du commerce à l’international (liberté d’échange, conclusion de contrats, droits tarifaires, régulation des barrières commerciales, taux du marché au noir de devises, contrôles des mouvements de capitaux…) et la régulation (règlementation du marché du crédit, règlementation du marché du travail et règlementation des affaires).
Chaque indicateur comprenant des sous-indicateurs, l’indice comprend un total de 43 variables. Une note allant de 1 à 10 points (avec 10 comme meilleure note) est accordée à chaque critère. Et suivant la note obtenue, le think tank établit un classement pays pour chaque critère et un classement général indiquant le rang de chaque Etat en matière de liberté économique.
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Pour cette édition, 165 pays ont été passés au peigne fin en matière de liberté économique. Les mieux classés sont ceux qui offrent les conditions pour lancer et réussir son business, où on ne subit pas les aléas de la monnaie ni les foudres d’une justice sous les bottes des dirigeants, qui garantissent une bonne gouvernance et dont le marché est ouvert à l’international. Hong Kong s’est ainsi adjugé le premier rang mondial avec une note de 8,59 points, devant Singapour (8,48 points), la Suisse (8,37 points), la Nouvelle-Zélande (8,27 points) et le Danemark (8,09 points).
Au niveau de la région du Maghreb, le Maroc est le pays qui garantit le plus de liberté économique avec une note moyenne de 6,55 points/10 qui le classe au 99e rang mondial. Le Royaume est aussi, et surtout, le seul pays de la région à obtenir des notes supérieures à la moyenne au niveau des 5 indicateurs fondamentaux de l’indice de liberté économique: 5,7 points pour le système juridique et les droits à la propriété (63e mondial), 6,2 points pour la liberté de faire du commerce international (101e mondial), 6,63 points pour la taille du gouvernement (84e mondial), 6,8 points pour la régulation (98e mondial) et 7,3 points pour l'accès à une monnaie saine et stable (120e mondial). Autant de notes qui expliquent pourquoi le Royaume jouit d’une meilleure attractivité au niveau de la région auprès des investisseurs étrangers.
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Pour sa part, l’Algérie est classée au 157e rang mondial avec un score de 5,12 points. Le pays a obtenu ses meilleures notes au niveau des critères relatifs à l'accès à une monnaie saine et stable et la régulation, avec des notes respectives de 7,6 points (117e mondial) et 5,8 points (142e mondial). Il affiche par contre de médiocres notes en ce qui concerne la taille du gouvernement (4,41 points, 163e mondial), le système juridique et les droits de propriété (4,1 points, 129e mondial) et la liberté de faire du commerce à l’international (3,6 points, 159e mondial). Ce n’est pas étonnant que l’Algérie ait une très faible note sur ce dernier critère, vu les interdictions d’importation et les contraintes auxquelles font face les opérateurs du commerce extérieur.
Ce classement traduit surtout la mauvaise image du pays qui s’explique par l’autoritarisme du régime et sa mauvaise gouvernance qui rétrécit les libertés d’entreprendre et d’investir. Ce qui est un frein au développement du pays.
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Au niveau du Maghreb, l’Algérie est devancée, outre le Maroc, par la Mauritanie (125e rang mondial, 6,13 points) et la Tunisie (128e rang mondial, 6,09 points), ne devançant que la Libye, qui est en crise depuis une douzaine d’années.
Le pays figure également parmi les 10 pires pays en matière de liberté économique dans le monde, selon Fraser Institute, aux côtés de la République démocratique du Congo (156e, 5,36 points), du Congo (158e, 5,08 points), de l’Iran (159e, 4,96 points), de la Libye (160e, 4,95 points), de l’Argentine (161e, 4,87 points), de la Syrie (162e, 4,63 points), du Zimbabwe (163e, 4,48 points), du Soudan (164e, 4,21 points) et du Venezuela (165e, 3,32 points). L'Algérie est devancée dans ce classement par la Somalie, le Yémen, la République Centrafricaine,...