Maghreb. Coronavirus: l'accélération de la hausse des cas positifs est "normale" malgré le confinement

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Le 26/03/2020 à 13h35, mis à jour le 26/03/2020 à 14h13

Durant la journée du mercredi 25 mars, des niveaux records de cas positifs ont été enregistrés dans trois pays du Maghreb, en dépit des mesures prises dont le confinement en Tunisie et au Maroc. Une situation inquiétante, mais qui semble normale au vu des expériences chinoise et européenne.

Durant la seule journée du mercredi 25 mars, 152 nouveaux cas positifs du Covid-19 ont été enregistrés dans trois pays du Maghreb, avec 59 cas en Tunisie, 55 cas au Maroc et 38 cas en Algérie. Une situation inédite depuis l’apparition de l’épidémie au niveau de la région.

Du coup, le nombre de cas positif enregistrés au niveau des cinq pays du Maghreb -Algérie, Maroc, Mauritanie, Libye et Tunisie- a progressé de 27,63%, par rapport à la journée du mardi 24 mars, pour atteindre 702 cas positifs.

L’Algérie est le pays maghrébin le plus touché. Avec 38 nouveaux cas enregistrés le mercredi 25 mars, le total des personnes infectées s’établit à 302 cas. A noter que la région de Blida, qui compte 150 cas de personnes contaminées, soit la moitié des cas enregistrés en Algérie, est confinée depuis le vendredi dernier.

S'agissant de la wilaya de Blida, qui vit son deuxième jour de confinement absolu, le nombre de morts enregistrés est de 8 pour 150 cas de personnes contaminées. Le pays compte 65 guéris et 21 décès, soit un taux de mortalié de 6,95%.

Pour le Maroc, les 55 nouveaux cas de la journée d’hier portent le total à 225 cas confirmés depuis le début de la pandémie. Les principales régions touchées sont Casablanca-Settat (59 cas), Fès-Meknès (50 cas), Rabat-Salé-Kenitra (45 cas), Marrakech-Safi (32 cas) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (15 cas). Le royaume compte 7 cas guéris et 7 décès, soit un taux de décès de 3,11%.

Pays Cas confirmés Cas guéris Décès Taux de mortalité
Algérie 302 65 21 6,95%
Maroc 225 7 6 2,67%
Tunisie 173 2 5 2,89%
Mauritanie 2 0 0 0
Libye 0 0 0 0

Quant à la Tunisie, elle a enregistré le plus grand nombre de cas confirmé en une journée avec 59 cas portant le total des personnes malades du coronavirus à 173 malades dont 48 à Tunis, 31 à Ariana, 17 à Ben Arous et 12 à Medenine. Le pays a enregistré 2 cas guéris et 5 décès, soit un taux de mortalité de 2,89%.

Afin de freiner la propagation de la pandémie, la Tunisie compte adopter une stratégie d’enquête active afin d’élargir le champ de dépistage. Il s’agit de faire des prélèvements sur toute personne pouvant être suspectée de contracter le coronavirus.

L’évolution s’inscrit donc toujours dans un trend haussier des cas positifs ces derniers jours au niveau du Maghreb, et ce malgré les nombreuses mesures prises par les autorités pour freiner l’expansion de la pandémie: confinement général au Maroc et en Tunisie, couvre-feu en Tunisie et en Mauritanie, état d’urgence en Tunisie, fermeture des écoles, universités et centres de formations dans tous les pays de la région, interdiction des manifestations sportives et culturelles dans tous les pays, fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes, etc.

Autant de mesures censées pourtant contribuer à freiner la progression de la pandémie.

Seulement, en se penchant sur les courbes d’évolutions de la pandémie en Chine et dans certains pays européens très touchés (Italie, France et Espagne), on note que cette accélération de la progression des contagions est normale. En Chine, Wuhan a été mise en quarantaine le 23 janvier et il a fallu attendre le 15 février pour enregistrer les premières baisses de cas confirmés, soit 24 jours, et le pays devrait vaincre l’épidémie en avril prochain. 

La France et l'Espagne, pays qui ont pris des mesures contraignantes et adopté le confinement bien avant les pays du Maghreb, enregistrent actuellement des niveaux de cas positifs et de décès de plus en plus élevés depuis l’apparition du Covid-19.

Pour le cas français, Sibylle Bernard-Stoecklin, membre de la direction des maladies infectieuses à Santé publique France, cité par leparisien.fr, explique que «c’est normal de ne pas voir, dès à présent, de baisse du nombre quotidien de cas. La raison principale est la durée d’incubation. Elle dure en général une petite semaine, mais peut aller jusqu’à douze à quatorze jours. Pendant ce temps, on ne sait pas qu’on va devenir malade».

En clair, au Maghreb, il y a encore de nombreuses personnes qui sont des porteurs sains du virus SARS-Cov-2 et qui l’ignorent du fait qu’ils ne présentent pas de symptômes de la maladie. Du coup, après les fermetures des frontières et donc des cas importés, ce sont les personnes déjà atteintes depuis plusieurs jours sans le savoir et celles qu'elles contaminent qui gonflent désormais les statistiques quotidiennes.

Et comme il n’y a pas de dépistage, seules les personnes présentant des symptômes importants subissent des tests, excluant du coup une bonne partie des porteurs sains qui, eux, continuent à contaminer d’autres personnes. Or, avec le coronavirus, environ une personne sur trois est asymptomatique.

En clair, en se penchant sur les expériences des pays européens, les hausses des cas enregistrés dans les trois pays du Maghreb sont justifiées. Pour voir la courbe fléchir durablement, il faudra encore être patient pour pouvoir mesurer les impacts des mesures prises, particulièrement celle du confinement des populations.

Par ailleurs, selon une étude publiée fin janvier par la revue spécialisée The Lancet, le coronavirus atteindrait probablement un pic entre les mois d’avril et mai 2020. Et selon toujours celle-ci, il faut entre 10 à 28 jours pour obtenir un résultat de la modification des comportements et du confinement. Ce n’est qu’après qu’on pourra commencer à enregistrer des baisses de cas quotidiens.

Enfin, notons qu’au niveau mondial, à la date du mercredi 25 mars, on recensait 462.562 cas confirmés pour 20.876 décès, soit un taux de mortalité de 4,51%.

Par Moussa Diop
Le 26/03/2020 à 13h35, mis à jour le 26/03/2020 à 14h13