Cela peut paraître surprenant, mais en Afrique, ce sont les femmes agricultrices qui produisent jusqu’à 80% des denrées alimentaires consommées par les ménages et à la vente sur les marchés. C’est un constat fait par la Banque mondiale et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il faut souligner que les cultures comme le riz, le blé et le maïs, ainsi que les cultures secondaires (légumineuses et légumes), plus de 90% de la nourriture consommée par les habitants du monde rural, sont le fait des femmes agricultrices. Ainsi, ce sont elles qui désherbent, cultivent, récoltent et vendent les excédents des produits agricoles.
Malgré ce poids considérable, les agricultrices africaines sont globalement reléguées au second plan et les projecteurs restent braqués sur les hommes, qui du fait surtout du poids des traditions, des coutumes et des droits fonciers sont, globalement, propriétaires et gérants des terres et des exploitations agricoles. Ce sont donc eux qui accèdent aux financements et gèrent les revenus financiers tirés des ventes des excédents agricoles.
A ce titre, la célébration de la fête du 8 mars, Journée internationale des femmes, a été l’occasion pour l’OCP de célébrer les agricultrices africaines qui occupent une place fondamentale dans la production, la consommation et le commerce de produits agricoles en Afrique.
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Ce webinaire, organisé à l’occasion de la fête du 8 mars, est un clin d’œil sur la place centrale de la femme dans l’agriculture africaine. Placé sous le thème: «Les femmes agricultrices: regards croisés entre l’Europe et l’Afrique», ce rendez-vous a mis en relief le poids des agricultrices africaines et les principaux obstacles qui freinent leur émancipation.
Avec 80% des denrées alimentaires destinées à la consommation des ménages et à la vente sur les marchés locaux produits par les femmes sur le continent, on comprend l’importance des agricultrices africaines.
Seulement, ces agricultrices n’en demeure pas moins handicapées par un nombre élevé de facteurs. Ainsi, selon la Banque mondiale, au Nigéria, si elles représentent environ 60% à 80% de la main d’œuvre agricole, comme c’est le cas dans de nombreux pays africains, ce sont généralement les hommes qui prennent les décisions importantes concernant la gestion des exploitations puisque ce sont eux qui disposent des terres et gèrent les exploitations agricoles. A titre de comparaison, 29% des exploitations agricoles européennes sont dirigées par des femmes. Toutefois, ce fut là aussi un long combat.
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Muriel Penon, exploitante agricole, porte-parole des «Elles de la Coop» qui regroupe toutes les femmes administratives agricoles de France, fille d’agriculteurs, a mis l’accent sur l’évolution du statut de la femme agricultrice française qui a beaucoup évoluer au cours de ces dernières années. Si les femmes n’avaient pas droit de cité il n’y a pas si longtemps dans le domaine agricole, la situation a beaucoup changé. Aujourd’hui, en France, «26% des exploitations agricoles sont dirigées par des femmes». Au niveau européen, ce ratio s’établit à 29%.
En Afrique, ce ratio reste encore négligeable sous l’effet d’une conjonction de facteurs liés notamment à l’environnement sociétal et à la non-application des textes de lois qui prônent pourtant l’égalité des hommes et des femmes à l’accès à la terre dans de nombreux pays africains.
Les femmes agricultrices ont donc du mal à accéder au crédit bancaire nécessaire pour l’acquisition de terres, de machines, d’engrais, de systèmes d’irrigation et de semences de qualité.
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Face à cette situation, certaines institutions et organisations non gouvernementales (ONG) mettent en œuvre des projets qui leur offrent un meilleur accès à la microfinance. Ainsi, au Mali, Soro Yiriwaso, une institution de microfinance dont les deux-tiers du portefeuille de prêts sont consacrés à l’agriculture, 93,5% de ses emprunteurs sont des femmes agricultrices.
Une chose est sûre, le statu quo sur le droit à la terre est inacceptable et handicape fortement le développement agricole du continent. Il faut que les agricultrices africaines puissent bénéficier de l’accès à leurs terres.
Pour Alimata Coulibaly, directrice de l’entreprise les «Précuits», entreprise de transformation des produits agricoles, en Côte d’Ivoire, à la tête aujourd’hui d’un réseau de 50 femmes transformatrices, le problème fondamental est que les agricultrices africaines, contrairement aux transformatrices, sont globalement analphabètes et vivent dans le milieu rural. Elles subissent donc plus fortement le poids des traditions et finissent par s’accommoder de leurs conditions sous l’effet de l’environnement, des pratiques coutumières, des traditions, de la religion… C’est cette situation qui explique la vulnérabilité des femmes agricultrices africaines.
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Pour sa part, Sana Wony Tiéminta, présidente de la coopérative «Femmes en actions», au Mali, une structure créée pour «pallier les problèmes de ressources agricoles et d’accès aux terres pour les femmes», confirme que les femmes représentent 55-60% de la main d’œuvre agricole, mais n’ont pas accès à la terre. Les lois existent, mais le problème est celui de l’applicabilité de la loi qui pose problème. La loi d’orientation agricole accorde tous les droits à la femme agricultrice. Toutefois, celle-ci n’est pas appliquée. Cette loi précise même le pourcentage des terres agricoles dans les différentes zones agricoles du pays devant revenir aux femmes agricultrices.
Mais au Mali, plus de 90% des crédits accordés à l’agriculture sont toujours accordés aux hommes.
Pourtant, selon ActionAid, une organisation humanitaire internationale, «si les femmes bénéficient d’un accès égal à la terre et aux semences, tout comme leurs homologues masculins, nous pourront réduire de 140 millions le nombre de personnes qui souffrent de la faim, soit une réduction d’environ 17%».
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En somme, pour placer les femmes au centre de la transition agricole en Afrique, il faudrait dépasser ces écueils. Certaines pistes ont été défrichées au niveau du continent. Ainsi, selon Pierre Jacquemot, économiste, ancien diplomate, président du Groupe initiatives du GRET, concernant l’accès à la terre, «le principal obstacle est le poids de la société patriarcale africaine qui empêche aux femmes d’accéder à la terre et donc aux crédits et aux équipements».
Pour l’économiste, trois orientations peuvent contribuer à dépasser cet écueil. D’abord, l’information sur les droits des femmes. A ce titre, au Sénégal, les juristes sénégalaises ont créé une association qui donne des conseils juridiques aux femmes rurales sur leurs droits fonciers garantis par la loi, mais qui ne sont pourtant pas reconnus par la société. Grâce à ces conseils, les femmes arrivent à accéder à la terre. «L’information des femmes sur leurs droits est primordiale pour dépasser l’écueil lié à l’accès à la terre», souligne l’économiste. Ensuite, pour dépasser l’obstacle d’accès au crédit bancaire à cause de l’exclusion de la femme du foncier, au Ghana et dans un certain nombre de pays, explique l’économiste, cet obstacle a été surmonté grâce à la caution solidaire entre femmes.
Enfin, l’organisation en coopératives peut également contribuer à dépasser les obstacles liés à l’accès à la terre et donc au crédit et aux équipements.
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Une chose est sûre, en permettant aux femmes d’accéder à la terre, au financement et aux intrants, les pays du continent contribueront à l’amélioration des rendements agricoles et au développement de l’agriculture africaine.
A ce titre, le groupe OCP, leader mondial des phosphates et engrais, contribue à l’amélioration des conditions de travail des agricultrices africaines. Ainsi, il a mis en place, via sa filiale OCP Africa, l’offre Agribooster, en collaboration avec des acteurs de la chaîne de valeur agricole dans de nombreux pays africains. Celle-ci s’est fixée comme objectif d’accroître la productivité des petits exploitants agricoles et d'aider les femmes agricultrices à accéder à des intrants de qualité, des financements, des formations sur les bonnes pratiques agricoles, des services de vulgarisation et un accès au marché pour la vente des produits agricoles. Au Nigéria, une agricultrice a pu faire passer le rendement de sa ferme rizicole de 1,5 à 1,9 tonne de riz habituellement à 4 tonnes par hectare grâce à l’offre Agribooster.
Jusqu'à aujourd’hui, plus de 25.000 agricultrices nigérianes et ghanéennes ont bénéficié de l’offre Agribooster avec des impacts indéniables sur leurs rendements agricoles et donc sur leurs revenus et leurs conditions de vie ce qui a favorisé la scolarisation de leurs enfants.