Les banques marocaines occupent une place de plus en plus importante au niveau de l’échiquier bancaire africain, notamment en Afrique de l’Ouest, en Afrique Centrale et en Afrique du Nord. Un positionnement sratégique en ligne avec la nouvelle stratégie africaine du Maroc et porteur de grandes opportunités en permettant aux filiales des banques marocaines d’accompagner les entreprises qui souhaitent développer leurs activités en Afrique.
Pour mieux cerner la présence des banques marocaines sur le continent, la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF), relevant du ministère de l'Economie et des Finances, a consacré son édition de Policy Africa du mois de mai 2019 à cette présence bancaire marocaine en Afrique avec pour thématique: «Le positionnement du secteur bancaire marocaine en Afrique: réalité et perspectives de renforcement».
Selon cette étude, qui porte sur la période 2009-2017, grâce aux investissements réalisés au cours de ces dernières années, «le secteur bancaire marocain s’érige en partenaire crédible et fortement engagé en faveur du développement des économies africaines», souligne le DEPF.
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Ainsi, les investissements directs étrangers du secteur bancaire maricain en Afrique ont représenté 52,2% du total sur la période 2007-2017, avec un volume d’investissement de 17,5 milliards de dirhams, loin devant les télécoms (16,4%), industries (12,3%), assurances (5,8%), etc.
En termes de répartition géographique de ces investissements, celle-ci montre une certaine concentration sur trois pays: l'Egypte (30,4%), la Côte d’Ivoire (19,4%) et le Sénégal (12%).
Grâce à ces investissements, les banques marocaines –Attijariwafa bank, la Banque Centrale Populaire et BMCE Bank of Africa (BBoA)- sont aujourd’hui présentes dans 25 pays africains.
Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali et Togo sont les pays au sein desquels ces trois banques sont les plus présentes.
A ce titre, à fin 2017, c’est BBoA qui est la première banque en termes d’implantations géographiques avec une présence dans 17 pays, devant Attijariwafa bank (présence dans 13 pays) et BCP (implantée dans 13 pays).
En ce qui concerne la BCP, les acquisitions en cours de 4 filiales du groupe français BPCE devraint propulser sa couverture à 17 pays d'Afrique.
Concernant le réseau africain des trois banques à fin 2017, celui-ci s’établissait à 1.482 agences, dont 643 agences pour Attijariwafa bank, 634 pour BBoA et 205 points de vente pour la BCP.
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Cette extension des banques marocaines a notamment été rendue possible grâce à la mutation qu’a connu le secteur au Maroc au cours de ces dernières années, du fait de ses restructurations, de ses consolidations, de l'amélioration du cadre de régulation et sa mise en conformité aux normes internationales.
Autant d’actions qui ont permis au secteur bancaire marocain de se hisser au rang des plus performants du continent.
«Les performances internes du secteur bancaire marocain ont été déterminantes pour permettre à certains groupes bancaires, leaders de diversifier leur activité à l’international, notamment en Afrique, à travers des opérations d’acquisition ou de prises de participation dans le capital de banques locales», souligne le rappport de la DEPF.
Pour bâtir ce réseau, les trois banques marocaines se sont basées sur des stratégies reposant surtout sur des prises de participation dans le capital de banques locales, le rachat des filiales des banques européennes, notamment françaises, l’acquisition de participations minoritaires dans des groupes bancaires africains (Bank of Africa, Banque Atlantique, etc.) suivies de montées dans les tours de table, via des augmentations de capital, etc.
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Dans tous les cas, les groupes marocains qui acquièrent des filiales en Afrique s’en arrogent la gestion, même en position minoritaire, et dupliquent les stratégies qui leur ont permis de devenir des champions nationaux au Maroc, en mettant un accent particulier au niveau de la gestion des risques.
Un point faible pour de nombreuses banques africaines. Ainsi, après les acquisitions de filiales africaines, les banques marocaines procèdent toujours aux restructurations de celles-ci, et les recapitalisent pour leur donner les moyens nécessaires à leur développement.
Grâce à ces restructurations et recapitalisations, ces filiales sont devenues de véritables acteurs du développement dans leurs pays d’implantation.
En 2017, l’encours total des dôts collectés par les filiales des banques marocaines implantées en Afrique a atteint 188 milliards de dirhams dont 48,6% pour les filiales d’Attijariwafa bank, 33,2% pour celles de BBoA et 18,2% pour celles de la BCP.
Parallèlement, ces filiales ont fortement contribué au financement des économies africaines. L’encours des crédits octroyés par ces filiales s’est établi à 159,6 milliards de dirhams en 2017.
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En matière de performances financières, grâce à la duplication des modèles de gestion qui ont fait leur succès au Maroc, les banques marocaines ont su insuffler une nouvelle dynamique à leurs filiales africaines qui sont devenues leurs véritables relais de croissance.
Ainsi, à fin 2017, les filiales africaines des banques marocaines ont généré un produit net bancaire (PnB) consolidé de 19,8 miliards de dirhams, soit l’équivament de 38,6% du PnB global consolié des banques marocaines.
Pour ce qui est de leurs perspectives, tout en soulignant que le continent, de par ses multiples potentialités, dispose de tous les attributs qui pourraient en faire un acteur de poids sur l’échiquier international, la DEPF souligne dans son rapport que les banques marocaines gagneraient à renforcer leur présence en s’installant dans certans pays anglophones et lusophones, tels que le Nigeria, l’Angola, etc.
Et pour renforcer le positionnement des banques marocaines en Afrique, la DEPF préconise 5 axes d'intervention prioritaires: la préservation des fondamentaux des filiales africaines, s’inscrire dans les nouvelles mutations du paysage bancaire marquées par l’émergence du "mobile money", la diversification du portefeuille d’activité en intégrant la finance alternative, la moblisation des synergies avec les opérateurs économiques, notamment les PME/PMI africaines, et, enfin, savoir saisir le potentiel de la complémentarité régionale et intercontinentale.