En dépit du retard du continent sur les question de parité dans le champ politique, l'égalité entre hommes et femmes est de plus en plus considérée comme une priorité dans plusieurs pays. Certains dirigeants en ont fait une feuille de route pour le développement socio-économique de leur pays. Si le Rwanda, qui a érigé la parité en véritable politique de promotion des femmes, est une référence, le pays des milles collines n'est pas le seul à s'engager dans la résorption de la sous-représentativité des femmes au niveau politique.
Ainsi, en l’espace d’une semaine, deux pays africains ont fait de la parité parfaite hommes-femmes au gouvernement une réalité, en nommant autant d’hommes que de femmes dans leurs gouvernements respectifs. Il s’agit de l’Ethiopie et du Rwanda.
C’est d’abord le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qui , le premier, a donné l’exemple en nommant, le mardi 16 octobre, pour une première en Afrique, un nouveau gouvernement inédit réduit de 20 membres, pour un pays de 100 millions d’habitants, avec une parité parfaite de 10 ministres hommes et 10 ministres femmes.
Et il ne s’agit pas de simples figurantes, en ce sens que les femmes nommées occupent des postes-clés dont ceux de l’Industrie, du Commerce, de la Défense, une première dans ce pays, et celui du tout nouvel -et stratégique- ministère de la Paix (une nouveauté éthiopienne) qui chapeaute la police fédérale et les services de renseignement.
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Quelques jours après l’Ethiopie, c’est le Rwanda qui lui emboite le pas, suite à un remaniement gouvernemental qui s’est traduit par la formation d’un gouvernement de 26 ministres, contre 31 portefeuilles pour le précédent, avec une parité parfaite de 13 hommes et 13 femmes.
Pour le Rwanda, ce n’est point là une surprise. En effet, ce pays est réputé d'avoir l’un des systèmes politiques les plus féministes au monde. En effet, le pays dispose d'un parlement où la gent féminine domine largement. En effet, 61% des députés du pays sont des femmes.
Par conséquent, le pays qui occupait le 4e rang mondial des pays les plus égalitaires au monde en 2017, en matière de parité hommes-femmes, selon le Forum économique mondial, consolide sa position dans le cercle très restreint des pays les plus égalitaires du monde en matière de genre.
Au-delà des gouvernements où les femmes sont de plus en plus représentées et occupent des postes de responsabilité (Affaires étrangères, Economie et finances, Défense, etc.), on note des avancées indéniables au niveau de la représentativité des femmes au niveau des parlements africains. Cette représentativité s’est accrue de 27% entre 2000 et 2015. Elle a atteint une moyenne de 25% au terme de cette période, un niveau au-dessus de la moyenne mondiale (22%).
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Le processus de féminisation des parlements du continent est donc véritablement enclenché dans de nombreux pays du continent. C’est l’Afrique de l'Est et Australe qui est la plus avancée dans ce domaine, avec une représentativité qui a atteint 39%. On note tout de même des disparités importantes entre les pays africains en matière de représentativité des femmes aux parlements.
A ce titre, c’est le Rwanda qui dispose du parlement le plus féminisé avec 64% des élus, détrônant la Suède au niveau du plus grand pourcentage d’élues. Outre l’impact du génocide qui a emporté autant d’hommes que de femmes et la reconstruction sociale qui a accordé une bonne place à la femme, la constitution du pays a, elle aussi, aussi consacré la parité. Ainsi, un quota constitutionnel de 25 sièges est réservé aux femmes à l’Assemblée nationale. Cette situation touche toute la société. Ainsi, plus de 40% des entreprises sont contrôlées par les femmes.
De même, au Sénégal, les femmes représentent 42% des élus (69 élues sur 165 députés) de l’assemblée lors de la dernière législature (2018), contre 44% lors de la précédente. Ce qui fait du pays de la Teranga, le second pays où les femmes sont les plus représentées au parlement en Afrique et le 7e au niveau mondial. Une loi votée en 2010 consacrepar ailleurs la parité hommes-femmes dans le parlement sénégalais.
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Idem pour l'Afrique du Sud, où les femmes représentent 42% des élus du parlement. En plus, 40% des portefeuilles ministériels sont dévolus aux femmes. Juste derrière, suit la Namibie avec une représentativité à hauteur de 39% de femmes au parlement. Un projet de parité hommes-femmes devrait consacrer l’égalité des sexes en politique dans ce pays.
Dans ce mouvement, le Maghreb reste en retard. En effet, la Tunisie, qui reste le leader arabe en termes d’égalité homme-femme, selon le Forum économique mondial, se positionne au 117e rang mondial sur 144 pays étudiés.
A ce titre, il faut aussi souligner que l’Union africaine prône la parité au niveau politique. D’ailleurs, en 2003, cinq femmes et cinq hommes ont été élus commissaires de l’UA et les femmes représentent 25% des élus du Parlement panafricain.
Reste que ces avancées au niveau politique ne doivent pas cacher une réalité. La plupart des femmes au niveau du continent n'ont pas accès à l'éducation de base. Du coup, la question de la parité reste encore un voeu pieux. Pour que celle-ci deviennent une réalité, il faudra s’écarter du système patriarcal qui relègue la femme à un statut inférieur et privilégier des législations plus coercitives envers les discriminations dans le monde du travail où les femmes restent confinées à des fonctions subalternes. Tout un programme...