De plus en plus d’entreprises marocaines, tunisiennes et algériennes sont à la recherche de relais de croissance en Afrique subsaharienne.
Une enquête réalisée par le cabinet d’audit PwC sur les ”Enjeux stratégiques et priorités 2017 du directeur financier en Afrique francophone” en atteste. Ainsi, 84% des directeurs financiers des grandes entreprises sondées dans le cadre de cette enquête 2017, contre 69% en 2016, estiment que la croissance des pays africains constitue une opportunité pour leur développement et 80% (contre 54%) d’entre eux sont optimistes concernant les prévisions de croissance des économies africaines. Mieux, 89% des entreprises francophones sondées ont une stratégie à l’international et 94% d’entre elles privilégient l’Afrique francophone.
Reste que l’expansion en Afrique n’est pas sans risques. Au coeur du développement des entreprises, et conscients des contraintes qui peuvent impacter l’atteinte des objectifs fixés par leur top management des entreprises qui se développent sur le continent, les directeurs financiers souhaitent jouer un rôle plus important dans la prise de décisions stratégiques relatives à l’expansion de leurs entreprises.
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Et il faut dire que ce ne sont pas les obstacles et les freins au développement qui manquent. Parmi ces difficultés, il y a d’abord les problèmes liés à la question géopolitique & sécurité dont le risque tend à augmenter. Ainsi, sont-ils 54% à signaler cette contrainte cette année contre 36% lors de la précédente enquête. La montée du terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest explique cette crainte.
De même, les difficultés liées aux coûts/financement et changes se sont accrus. Alors qu’ils étaient 14% seulement à citer ces difficultés, leur nombre a atteint 37% lors de l’enquête de 2017. Il faut dire que dans beaucoup de pays africains, le problème de change est devenu une préoccupation cruciale des entreprises qui se développent en Afrique à cause notamment des dépréciations des monnaies de plusieurs pays africains.
Le cas du groupe Attijariwafaba bank est illustratif. Après avoir investi dans les pays francophones du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest et d'Afrique centrale, la Banque s’est attaquée l’année dernière à la partie anglophone du continent avec des acquisitions au Rwanda et en Egypte. Entre la période d’annonce de l’acquisition de la Barclays Egypt et le closing de l’opération, la monnaie égyptienne s’est dépréciée quasiment de moitié à cause d’une mesure de politique monétaire prise par les autorités égyptiennes dans le sillage des recommandations du FMI. Cela est aussi valable pour d’autres pays comme le Nigeria, la Tunisie, etc.
Du fait des difficultés que connaissent de nombreux pays du continent dépendant des matières premières, il est fort probable que d'autres monnaies locales continuent de se déprécier face aux devises (dollar, euros, etc.) avec des conséquences sur les bénéfices rapatriés.
31% des directeurs financiers affirment rencontrer des difficultés dans le financement de leurs projets d’expansion en Afrique.
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De même, le manque de compétences internes est aussi considéré comme un obstacle au développement par 43% des sondés. Et dans le domaine financier, 49% d’entre eux recherchent en priorité des profits techniques (contrôleur de gestion, fiscaliste, trésorier, etc.).
A cela s’ajoutent les problèmes liés à la réglementation, au manque d’harmonisation des législations et aux contraintes fiscales. Toutefois ces facteurs sont de moins en moins considérés comme des obstacles. Ils sont ainsi 34% à citer ces facteurs comme freins au développement, contre 57% lors de la précédente enquête. Il faut souligner que pour attirer les investisseurs étrangers, les pays africains travaillent à améliorer leur environnement des affaires comme en attestent les progressions enregistrées par certains dans les classements Doing Business.
Bref, l’expansion est devenue une nécessité pour de nombreuses entreprises africaines confrontées à l’étroitesse de leur marché et à la recherche de relais de croissance. Toutefois, il est nécessaire d’être mieux armé et outillé pour pouvoir faire face aux immenses défis d’ordre politiques, sécuritaires, humains, règlementaires et financiers.