Union africaine: l’autofinancement et le libre-échange à la traîne

Le siège de l'Union africaine à Addis-Abeba.

Le siège de l'Union africaine à Addis-Abeba.

Le 29/01/2018 à 11h41, mis à jour le 30/01/2018 à 15h52

L’autofinancement et la zone de libre-échange sont au menu de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement qui se poursuit, à huit clos, aujourd’hui au siège de l’Union africaine. Sur ces deux volets cruciaux, des retards sont accusés par l’institution panafricaine.

L‘espionnage chinois du siège de l'Union africaine conforte la nécessité d’une indépendance de l’institution vis-à-vis de ses bienfaiteurs et bailleurs de fonds. A ce titre, les chefs d’Etat et de gouvernement réunis en ce moment à Addis-Abeba se penchent sur l’épineux dossier de l’autofinancement de l’institution panafricaine.

Désormais dirigée par Paul Kagame, qui était en charge de la réforme de l’Union, l’institution devrait donner un coup d’accélérateur au dossier, sachant que 80% du budget de l’institution vient des bailleurs de fonds étrangers.

Dans son dernier discours en tant que président de l’institution, Alpha Condé, dont le pays a été l’un des premiers à appliquer la taxe de 0,2% sur les recettes d’importations éligibles pour financer le budget de l'Union, a exhorté ses pairs à travailler sur l’autofinancement de l’organisation, qualifié comme étant «le moyen le plus sûr de résorber le déficit budgétaire chronique de l’Union africaine». Du coup, il appelle les chefs d’Etat à octroyer cette recette à l’Union africaine et à faire preuve de solidarité pour doter l’organisation d’une certaine autonomie.

Reste que cette taxe de 0,2% sur certains produits non africains importés, est loin de faire l'unanimité. Seulement une vingtaine de pays ont, à ce jour, adopté cette mesure. Certains pays comme l’Afrique du Sud et l’Egypte, dont les économies sont tournées vers l’extérieur, ne sont pas favorables à cette taxe. Du coup, des mesures spécifiques sont envisagées pour ces pays, selon le président sortant Alpha Condé.

Rappelons que cette réforme prévoit le prélèvement d’une taxe de 0,2% sur les importations éligibles de chaque pays. Toutefois, certains pays membres rechignent encore à appliquer cette règle.

Par ailleurs, sur le volet du libre-échange, le nouveau président de l’Union, Paul Kagame, a promis de s’investir davantage pour la création d’un marché unique de transport aérien en Afrique, une zone de libre-échange et de libre circulation des personnes au sein du continent.

Si le marché unique aérien est lancé en marge du sommet, force est de reconnaître que jusqu’à présent, seuls 23 Etats africains ont donné leur aval à la libéralisation du ciel en Afrique. Du coup, il sera impossible de réaliser ce rêve dans l’immédiat. Idem pour le libre-échange qui n'a pas connu d’évolution majeure.

A ce titre, un sommet extraordinaire est prévu le 21 mars prochain à Kigali, au Rwanda, pour lancer officiellement cette zone de libre-échange africaine.

Toutefois, beaucoup d’observateurs y voient un lancement précipité. D’ailleurs, pour le président nigérien, Mahamadou Issoufou, en charge du dossier, «la zone de libre-échange continentale ne résout pas tout. Parallèlement à cette zone, il va falloir continuer les programmes d'industrialisation et d'infrastructures en Afrique. Pour que la zone de libre-échange soit fonctionnelle, il faut effectivement créer des produits à échanger entre pays africains».

Enfin, il faut souligner que la prochaine réunion des chefs d’Etat et de gouvernement aura lieu à Nouakchott en Mauritanie. Et que l’Union africaine a choisi le président égyptien Abdel Fettah al-Sissi pour succéder au Rwandais à la tête de l’Union africaine en 2019.

Par Moussa Diop
Le 29/01/2018 à 11h41, mis à jour le 30/01/2018 à 15h52