Vaccin Covid-19: l’Afrique devra attendre 2023 pour une vaccination à grande échelle, selon l’OMS

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Le 19/01/2021 à 17h23, mis à jour le 20/01/2021 à 15h44

La guerre pour disposer du vaccin anti-Covid-19 fait rage. Le continent africain sera le dernier à être servi. Selon l’Organisation mondiale de la santé, il faudra attendre 2023 pour une vaccination à grande échelle. D’ici là, les Africains doivent compter sur le respect des mesures sanitaires.

La guerre pour disposer du vaccin fait rage entre grandes puissances occidentales, mais aussi entre les grands pays émergents et le reste du monde.

Et dans cette lutte pour disposer des vaccins à grande échelle, l’Afrique est de loin le continent le moins loti. En effet, même les pays qui ont participé aux tests Covid-19 au niveau du continent au profit des grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux ne savent plus désormais sur quel saint se vouer tant les industriels du secteur ne semblent plus vouloir respecter leurs promesses de les livrer les vaccins commandés.

Et la dernière sortie de l’OMS n’est pas des plus rassurantes. L’organisation qui a fait du combat pour l’accès équitable au vaccin a annoncé que les doses anti-Covid-19 ne seront disponibles à grande échelle en Afrique que d’ici 2023 du fait que la plupart des commandes ont été faites par des pays à revenu élevé. «Le monde est au bord d’un échec moral catastrophique qui mettra en péril la vie et les conditions de vie dans les pays pauvres», a souligné le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom ajoutant que l’attitude du «moi d’abord» sera destructrice du fait qu’«en fin de compte, ces actes ne feront que prolonger la durée de la pandémie, les restrictions imposées et les souffrances humaines et économiques».

Partant, pour plus d’équité, le directeur général de l’OMS exige le respect du programme Covax. Ce programme initié par l’OMS et Gavin, soutenu par plusieurs Etats, organisations, institutions financières et philanthropes dont Bill et Melisa Gates, soutient l’accès aux vaccins anti-Covid-19 au profit des pays en développement. Ainsi, le programme garantit à chaque pays africain l’équivalent de 20% de ses besoins en doses. Pour le moment, à cause des dirigeants politiques des Etats desquels relèvent les laboratoires pharmaceutiques, le programme Covax risque d’attendre encore quelques mois pour recevoir ses premières doses.

Pour le moment, même les pays africains qui s’étaient positionnés très tôt sur des vaccins en cours d’élaboration, dont l’Egypte et le Maroc, n’ont rien reçu, les laboratoires n’ayant pas respecté leurs engagements.

C’est le cas notamment entre le Maroc et le laboratoire chinois Sinopharm qui n’a jusqu’à présent pas livré au royaume les doses commandées bien avant que le laboratoire n’élabore son vaccin anti-Covid-19. Mieux, 600 Marocains ont participé aux tests pour valider le vaccin du laboratoire chinois en prenant tous les risques.

Et malgré tout, jusqu’à présent, aucune dose n’a été envoyée au Maroc alors que les monarchies du Golfe dont les Emirats arabes unis et Bahreïn, qui ont commandé le vaccin ont déjà eu leurs lots depuis belle lurette et se sont même permis le luxe de faire des dons à certains pays. Ainsi, les Emirats arabes unis ont octroyé 100.000 doses de vaccins du chinois à l’Egypte et aux Seychelles à raison de 50.000 doses pour chaque pays.

Et au même titre que le vaccin chinois, la commande du vaccin développé par AstraZeneca et l’Université d’Oxford se fait également désirer. Et à ce niveau, c’est le géant indien qui ne semble pas se presser pour livrer les doses commandées. En effet, le laboratoire britannique qui a développé le vaccin a permis au géant Serum Institute of India, laboratoire privé indien, cinquième producteur mondial de vaccins, de produire son vaccin anti-Covid-19 à grande échelle. Et dans le cadre d’un accord avec la Fondation Bill et Melisa Gate, le laboratoire s’est engagé à fournir des millions de doses à d’autres pays, notamment des pays africains.

Le cas du Maroc est aussi valable pour l’Egypte, le troisième pays le plus peuplé d’Afrique qui attend ses doses aussi bien du chinois que du laboratoire britannique auprès duquel il avait la promesse de bénéficier tôt des vaccins.

Seulement voilà, à l’instar de la Chine, l’Inde qui a presque le même nombre d’habitants que son voisin, 1,4 milliard d’habitants, et figure parmi les pays les plus affectés par la pandémie du Covid-19 avec plus de 10,6 millions de cas et 152.556 décès. Du coup, le gouvernement indien compte réserver les premières millions de doses à sa population durement affectée par la pandémie du Covid-19. C’est ce qu’ont fait les grands laboratoires américains, suscitant la réaction des Européens. L’Inde n’a fait qu’imiter les autres pays ayant développé des vaccins: Etats-Unis, Royaume-Uni, Chine et Russie.

Ainsi, si l’Inde tente de vacciner ne serait-ce que 30% de sa population, il faudra que le reste du monde attende plusieurs mois, voire des années, sachant que le laboratoire indien fabrique parallèlement d’autres vaccins essentiels. En effet, le géant indien qui produit un milliard de doses par an est derrière la vaccination de la moitié des enfants dans le monde en produisant les groupes de ROR (rougeole, oreillons et rubéole) et les DPT (Diphtérie, poliomyelite et tétanos).

En conséquence, la production du vaccin Covid-19 ne peut éjecter celle des autres vaccins dont certains sont même plus rentables pour le laboratoire indien.

Du coup, les pays qui tablent sur les vaccins du programmes Covax de l’OMS et de l’Alliance pour le vaccin (Gavi) risquent d’attendre encore longtemps pour disposer de ses lots de vaccins contre le Covid-19.

En clair, les pays africains doivent rester patientes et surtout faire respecter les mesures sanitaires pour éviter les contagions –lavage des mains, distanciation physique, port du masque, etc.- en attendant que le vaccin soit disponible,…

Par Moussa Diop
Le 19/01/2021 à 17h23, mis à jour le 20/01/2021 à 15h44