Pêche: des ONG accusent l'Italie de fermer les yeux sur le pillage des côtes ouest-africaines

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Le 09/02/2019 à 15h16, mis à jour le 09/02/2019 à 16h38

Plusieurs ONG ouest-africaines accusent des navires italiens de piller les ressources halieutiques situées dans les eaux territoriales des pays côtiers d'Afrique de l'Ouest. L'Union Européenne a été saisie d'une plainte.

Plusieurs ONG spécialisées dans le domaine de la pêche accusent le gouvernement italien de fermer les yeux sur le pillage des ressources halieutiques des pays côtiers d'Afrique de l’Ouest.

Ces organisations annoncent avoir déposé une plainte devant l’Union Européenne pour faire cesser «ces activités illégales» explique un document de la Confédération des organisations professionnelle de pêche artisanale (COAPA).

Parmi ces organisations, figurent la Coalition pour des accords de pêche équitable (CAPE), la Confédération des organisations professionnelles de pêche artisanale (COAPA), le Partenariat pour la conservation marine (PRCM).

«Des chalutiers italiens appartenant à des sociétés siciliennes ont effectué des incursions dans la zone côtière réservée à la pêche artisanale, capturant des espèces qu’ils n’étaient pas autorisées à pêcher dans les eaux territoriales de la Sierra Leone», explique la COAPA.

Ces navires ont des antécédents d’activités illégalement menées dans la région, documentés par l'ONG internationale Greenpeace, mais aussi par Oceana et Cape: capture de requins et infraction au règlement sur les nageoires attachés, incursions illégales dans les eaux de pays voisins de l’Afrique de l’Ouest, pêche avec des engins prohibés en Gambie, etc.

Ces entorses aux principes d’une pêche responsables ont été également relevées en Guinée Bissau.

Gaoussou Gueye, président de la COAPA, critique ainsi une certaine forme d’hypocrisie.

«Dans leurs discours, les responsables de l’Union Européenne parlent de la nécessité de la lutter contre la pêche illégale, un thème récurrent. Dans le même temps, l’UE soutient que les flottes de pêche européennes opèrent légalement en Afrique de l’Ouest, pour maintenir les conditions d’une pêche durable. Cependant, certains navires européens pêchent avec des méthodes aux antipodes des normes compatibles avec une activité durable. Pire, il s’agit d’activités totalement illégales, à l’image de ces chalutiers italiens opérant dans les eaux ouest-africaines depuis plusieurs années», souligne Gaoussou Gueye. 

Si l’UE entend rester crédible et garder une relation de confiance avec les pays africains et les acteurs de la pêche, elle ne devrait pas accepter de telles pratiques de la part de certains navires de pays issus de ses états membres.

Le document de la COAPA rappelle par ailleurs que des procédures d’infraction, ouvertes en 2016, pour des cas notés en Gambie et Guinée Bissau n’ont toujours pas connu de suite.

Selon diverses sources, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) fait perdre plus de 150 milliards de franc CFA (229 milions d'euros) à l’Afrique de l’Ouest chaque année.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 09/02/2019 à 15h16, mis à jour le 09/02/2019 à 16h38