Drogue: 18 tonnes de cocaïne transitent chaque année par l’Afrique de l'Ouest

DR

Le 21/02/2017 à 18h46, mis à jour le 22/02/2017 à 12h46

Plus de 250 milliards FCFA, soit un peu plus de 381 millions d’euros, ont été blanchis en Afrique de l’Ouest dans le cadre du trafic de drogue en 2016, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). La région est devenue une zone de consommation mais aussi de production.

Le constat est alarmant. L’Afrique de l’Ouest, reconnue hier comme une zone de trafic de la drogue, est aujourd’hui devenue une zone de consommation. Pis, elle produit de plus en plus de drogue elle-même au point de fragiliser les économies des pays qui la compose, à commencer par le géant nigérian.

«Le trafic illicite de drogue génère un bénéfice estimé à un milliard de dollars au profit des criminels qui réinvestissent 5 millions de dollars de cette somme dans des circuits licites, ce qui impacte les économies des pays de l’Afrique de l’Ouest à hauteur d'une moins-values de 1,3 milliards de dollars», a déclaré le 20 février à Abidjan, Pierre Lapaque, représentant de l’ONUDC, à l’occasion d’une conférence sous-régionale sur le sujet.

Parmi les pays devenus les plaques tournantes de la drogue, l’on retrouve le Mali. En mai 2016, ce pays englué dans une crise militaire depuis cinq ans, avait annoncé une saisie record de 2,7 tonnes de cannabis dans un camion en provenance du Ghana, après avoir transité par le Burkina Faso. C’était la plus importante saisie des vingt dernières années dans le pays.

Pendant ce temps, la Guinée-Conakry est désormais considérée comme un centre incontournable du trafic avec la production des méthamphétamines, consommées pour leurs effets d’hyperstimulation. En 2009, un laboratoire de fabrication avait été découvert à Conakry. Par la suite, plus d’une dizaine ont ouvert leurs portes au Nigeria.

Selon l’ONUDC, au moins 18 tonnes de cocaïne transitent chaque année par l’Afrique de l’Ouest. Le produit transite par les pays côtiers et poursuit son chemin vers l’Europe. Par la route, la drogue emprunte les zones désertiques, en passant par le Maroc, l’Algérie ou la Libye, où le contrôle de ce trafic s’avère difficile.

A Abidjan, le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko a préconisé aux experts réunis, une lutte essentiellement axée sur la prévention et le traitement des addictions à la drogue. Une politique qui devrait s’appuyer sur le Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (Sénégal) ouvert en 2014 dans la capitale sénégalaise.

Toutefois, l’ouverture d’autres centres de ce type a été préconisée, dont un à Abidjan, au vu de la faiblesse des structures de prise en charge qui existent déjà dans certains pays de la sous-région.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 21/02/2017 à 18h46, mis à jour le 22/02/2017 à 12h46