G5 Sahel: une force sous-régionale mort-née

DR

Le 04/07/2017 à 15h11

Malgré les bonnes intentions, la force sous-régionale des cinq pays du Sahel pourrait ne jamais voir le jour. Les déclarations des chefs d'Etat se suivent et se ressemblent, et tendent à laisser penser qu'ils ne sont plus très motivés en l'absence de financement externe.

Idriss Déby, il y a une quinzaine de jours, ensuite Mohamed Ould Abdel Aziz hier lundi 3 juin et enfin aujourd'hui Mahamadou Issoufou tiennent des discours quasi similaires: "En l'absence de financement, la force du G5 Sahel est pratiquement impossible à mettre en place". 

Le président nigérien a été très clair dans les colonnes de l'hebdomadaire Jeune Afrique. Parce que "la situation urge" et face à la solution proposée par les Nations unies de recourir à des "bailleurs de fonds pour régler la question du financement, (…), j'ai proposé que la force du G5 Sahel devienne une brigade de la Minusma", affirme-t-il dans des propos recueillis à Addis Abeba. En somme, Mahamadou Issoufou explique clairement que sans la participation de la communauté internationale, dans un schéma de financement périodique, il est illusoire de vouloir mettre en place une force du G5 Sahel. Parce que de toute manière, même si l'on organisait une conférence des donateurs, les dons collectés ne permettraient de financer la force mixte envisagée que sur une perspective court-termiste.

Réticence onusienne

Pour Issoufou, une telle proposition permettrait de faie de la force du G5 Sahel un démembrement de l'actuelle force des Nations unies et de disposer d'une partie de l'énorme budget d'un milliard de dollars de la Minusma. Cependant, Issoufou affirme que cette solution n'est pas bien comprise pour le moment d'où la réticence des Nations unies. Il n'empêche que les résolutions prises dimanche à Bamako mentionnent clairement cette possibilité, ce qui est un grand pas.

Même si le président nigérien n'exclut pas la participation de son pays dans cette force, il est clair qu'il préfère de loin la solution de l'intégration à la Minusma. Sauf qu'à ce niveau, c'est l'Onu qui décide, et par ricochet les Etats-Unis. Or ces derniers viennent de pousser les Nations unies à réduire de 7% le budget consacré aux opérations de maintien de la paix.

La Mauritanie s'arrête à ses frontières

Quant à Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, il a été catégorique, selon Radio France Internationale. Certes, son pays fera le nécessaire à la frontière avec le Mali, mais il ne faut pas attendre de la Mauritanie qu'elle aille au-delà de cette zone, sans les moyens financiers et les équipements nécessaires. La réticence de Ould Abdel Aziz vient du fait que, sans y mettre les moyens, la force du G5 Sahel pourra "harceler" les terroristes, mais jamais ne les "éliminera" durablement.

Il faut noter que l'attitude de Mohamed Ould Abdel Aziz tend à confirmer la rumeur selon laquelle le pays a noué une entente tacite avec les groupes terroristes en ne s'attaquant pas à eux, tant qu'ils restent hors de son territoire. Et il est vrai que la Mauritanie n'a subi aucun attentat depuis 2011. 

Avant Aiz et Issoufou, c'est le Tchadien Idriss Déby Itno qui a été le premier à montrer au créneau pour dire que son pays n'a pas été soutenu par les pays occidentaux qui partagent avec lui l'objectif de lutter contre le terrorisme. Concernant le manque soutien, "les Tchadiens sont extrêmement déçus", dit-il, avant d'ajouter que "si rien n'est fait, nous serons obligés de nous retirer". Or, depuis, pas grand-chose n'a été réalisé dans le sens d'un soutien, notamment à travers la mise en place de la force du G5 Sahel. La solution proposée est loin d'être satisfaisante. 

En fin de compte, il ne reste plus que le Mali et le Burkina Faso dont les président n'ont jamais affiché leur réicence concernant un telle force. Le Mali n'a pas le choix, puisqu'en réalité c'est de son territoire que tout est parti et c'est également la zone vers laquelle convergeront toutes les forces protagonistes.

L'opinion des pays partenaires dans le G5 Sahel ne comprend pas que le Mali ne fasse pas plus de sacrifice, alors que c'est le pays au centre de tous les problèmes. Le président Ibrahim Boubacar Keïta, au lieu de réduire le train de vie de l'Etat, a plutôt acheté un nouvel avion, il y a quelques mois, au prix de 17 milliards de Fcfa,soit près de 26 millions d'euros. 

Quant au Burkina Faso, il a pris conscience, avec l'émergence d'Ibrahim Malam Dicko, prédicateur et jihadiste burkinabè,que son Sahel est fortement exposé au terrorisme.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 04/07/2017 à 15h11