A cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso, les "trois frontières" sont, avec le centre du Mali, la région la plus touchée par les violences. Les morts, civils comme militaires, s'y comptent par milliers et la fuite y est devenue un mode de vie.
La dernière attaque, lundi contre un village de cette zone au Niger, y a fait 37 morts.
Un concept
Concept géostratégique plus que zone géographique ou administrative, les "trois frontières" comprennent le nord du Burkina Faso - provinces du Soum et de l'Oudalan -, l'ouest du Niger - région de Tillabéri - et le Gourma malien, zone comprise entre Hombori et Ansongo.
La région est aussi appelée le "Liptako-Gourma".
Dans ces pays parmi les plus pauvres du monde, aux Etats très centralisés, les régions rurales et excentrées sont marginalisées.
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Elles sont habitées par des sédentaires, surtout des agriculteurs, et des nomades principalement éleveurs, qui se déplacent au gré des saisons.La pression démographique, comme ailleurs au Sahel, est très forte.
Repaire jihadiste
Après l'apparition puis l'expansion de groupes liés à Al-Qaïda dans le nord du Mali à partir de 2012, un chef jihadiste, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, fait allégeance à l'organisation Etat islamique (EI) en 2015.
Il s'installe avec son groupe, l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS), dans la région des trois frontières où il recrute et travaille d'abord à son financement.Aujourd'hui, selon l'ONG Acled spécialisée dans la collecte de données des conflits, la grande majorité des attaques dans cette zone est le fait de l'EIGS.
Fin 2019, début 2020, plus d'une dizaine de camps isolés dans lesquels les soldats sahéliens sont retranchés sont les cibles de l'EI selon un mode opératoire éprouvé: l'attaque éclair de combattants à motos. Des centaines de soldats sont tués.
Riposte militaire
Après janvier 2020, l'opération française Barkhane, avec ses partenaires sahéliens, a concentré ses efforts militaires sur cette zone et contre l'EIGS.
Début 2021, le président Emmanuel Macron déclarait que l'EI avait "perdu son emprise" dans le secteur, interrogeant sa capacité à encore mener des actions d'envergure.
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Il a depuis annoncé que la France allait entamer fin 2021 la réduction progressive de ses effectifs militaires au Sahel au profit d'un dispositif allégé de 2.500 à 3.000 hommes, contre les quelque 5.000 qui composaient la force Barkhane amenée à disparaître.
Du côté malien des "trois frontières", les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'EI se sont affrontés pour le contrôle territorial du Gourma.Les groupes affiliés à Al-Qaïda ont pris l'ascendant.
Début 2021, un bataillon tchadien de 1.200 hommes de la Force conjointe du G5 Sahel (Tchad, Mali, Mauritanie, Niger et Burkina Faso) y a été déployé, mais peu après, le 15 mars 2021, 33 soldats maliens sont tués lors d'une relève au poste de Tessit.L'EI a revendiqué l'opération.
Les civils visés
La présence jihadiste s'est greffée sur des tensions qui existent de longue date entre communautés, dont certaines se sont constituées en groupes armés alimentant les violences.
Les jihadistes jouent de ces vieilles hostilités, recrutent dans les populations, offrent protection, prélèvent leurs dîmes. Les civils, pris entre deux feux, doivent choisir entre rester et fuir alors que, pour nombre d'entre eux, c'est déjà la guerre qui les a poussés là il y a plusieurs années.
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Ceux qui restent sont aussi exposés aux bandits, au vol de bétail et aux assassinats. La frontière entre violences communautaires, jihadisme et banditisme est parfois ténue.
Les civils sont aussi en butte aux exactions imputées aux armées nationales.
Depuis le début de l'année, plus de 420 civils ont été tués dans l'ouest du Niger dans des attaques de jihadistes qui ont également contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir, selon Human rights watch (HRW).