C’est un bilan sombre que vient de dresser le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), principal parti de l’opposition mauritanienne, qui évoque une crise multidimensionnelle qui se caractérise par «une pauvreté endémique, une flambée vertigineuse des prix, une étatisation poussée et anarchique de l’économie, une dégradation du climat des affaires, une dévaluation de l’ouguiya, etc.».
Pour le parti d’Ahmed Ould Daddah, une telle situation «est incompréhensible» pour un pays qui a bénéficié d’importantes ressources financières au cours de ces dernières années.
En détail, le RFD fournit un éclairage sur les revenus enregistrés au cours de la période 2010/2014 dont «un montant global de 17,24 milliards de dollars, dont 12,049 milliards de dollars de recettes d’exportations, 3,729 milliards de dollars d’Investissements directs étrangers (IDE) et 1,462 milliard de dollars de financements extérieurs». En plus, durant la même période, «les ressources budgétaires de l’Etat ont atteint un montant cumulé de 1897,6 milliards d’ouguiyas (plus de 5 milliards de dollars)», un plafond historique, relève le document.
Partant du constat de la situation désastreuse du pays, le RFD s’interroge sur la destination de toutes ces ressources financières.
Par ailleurs, le document du RFD condamne l’attitude du pouvoir visant à éjecter de l’activité économique du pays les milieux d’affaires, dont certains ont grandement contribué à l’œuvre de construction nationale depuis l’indépendance.
Il dénonce «le matraquage fiscal ciblé rendant l’exercice toute activité privée nationale ou étrangère périlleuse, engendrant la délocalisation des activités des entreprises et la fuite des capitaux». Une situation dont le résultat est le blocage d’importantes opportunités économiques.
Le RFD fustige également «la violation continue des lois et règles relatives à la gouvernance économique par les plus hautes autorités de l’Etat, afin de détourner toute l’activité économique au profit d’un clan donné».
C’est ainsi que la quasi-totalité des projets financés par les ressources nationales sont octroyés, dans des conditions opaques, à des proches du pouvoir.
Alors que pour les financements extérieurs, «les autorités tentent systématiquement d’interférer dans les procédures en vue d’orienter les projets vers des intérêts particuliers, allant même jusqu’à demander ouvertement à certains bailleurs de fonds d’annuler carrément des marchés déjà adjugés à des sociétés nationales ou étrangères qui ne leur conviennent pas».
Conséquence de ce mode de gestion de la chose publique, les résultats se font de plus en plus sentir dans la gestion des grandes entreprises publiques et sur le quotidien des populations. La croissance éonomique est à son plus bas niveau au cours de ces dernières années, l'inflation réduit considérablement le pouvoir d'achat des ménages et les tensions sociales se multilient