Les 10 années de magistère du président Mohamed Ould Abdel Aziz sont présentées comme «un immense désastre» pour la Mauritanie par le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), un collectif formé de partis politiques, d'organisations de la société civile, de centrales syndicales et de personnalités indépendantes.
Dans une déclaration publiée lundi, l’opposition affirme que «le processus démocratique a été torpillé et que le pouvoir personnel s’est substitué à celui de la loi, la Constitution a été violée, les institutions élues ont été outragées, les symboles de la nation mutilés et criminalisés dans une tentative de falsification de l’histoire du pays visant à effacer la mémoire».
Au-delà des symboles et des institutions, le FNDU rappelle également les nombreuses atteintes aux droits et libertés confisqués: "Les manifestions pacifiques réprimées, les activités des partis politiques interdites, la presse muselée, l’immunité des parlementaires violée, ces derniers poursuivis et emprisonnés, des journalistes, des syndicalistes, des hommes d’affaires et des défenseurs de droits humains, des opposants et même des partisans du pouvoir, traités avec dédain et mépris".
Lire aussi : Mauritanie: l’UFP dresse un tableau sombre d’une crise multidimensionnelle
Au plan économique, le collectif de l’opposition mauritanienne déplore "la détérioration du pouvoir d’achat et les conditions de vie des populations qui ont empiré à cause de la hausse des prix et des impôts".
Ainsi, en détail, l'opposition mauritanienne explique que de 2008 à 2017, le prix du kilogramme de riz est passé de 200 à 300 ouguiyas (soit une hausse de 50%), le kilo de sucre de 180 à 300 ouguiyas, le litre d’huile de 320 à 450 ouguiyas, le kilogramme de viande de 1.000 à 2.000 ouguiyas, le kilogramme de poisson de 1.000 à 2.400 ouguiyas et le litre de gasoil de 280 à 384 ouguiyas.
Quant à la monnaie nationale, l’ouguiya, le document du FNDU relève que pendant la même période, "sa valeur a baissé, passant de 241 à 370 ouguiya pour un dollar, soit une dépréciation de 53,52% et de 354 ouguiyas à 455 ouguiyas pour un seul euro, soit une dépréciatuon de 28,53%".
Lire aussi : Mauritanie: la crise est telle que les entreprises publiques doivent dégraisser
Par ailleurs, le pays s'endette de manière exponentielle. La dette publique est passée de 1,427 milliards de dollars en 2008 à 4,66 milliards de dollars en 2017, soit une hausse de 226%.
En outre, la transparence n'est pas au rendez-vous. Ainsi, "les marchés de gré à gré ont été distribués en milliards d’ouguiyas et la fortune du pays se concentre désormais entre les mains de Ould Abdel Aziz et de ses proches. Dans la foulée, le changement de la valeur faciale de la monnaie nationale intervient pour masquer la hausse des prix et une dévaluation de l’ouguiya", souligne l'opposition mauritaniene.
Par ailleurs, le document du FNDU dresse aussi un état des lieux du système éducatif «qui s’est dégradé de manière inquiétante, des écoles bradées et transformées en boutiques, un enseignement public devenu un outil de consécration de la marginalisation, de la division et de l’échec».
Lire aussi : Mauritanie: le FNDU déplore les mauvaises relations avec les pays voisins
Au plan identitaire et communautaire, le régime de Nouakchott est soupçonné "d’exacerber les contradictions ethniques, tribales et de castes, dans le but de saper l’unité du peuple", avec comme seul but de diviser pour régner.
Partant d'un tableau aussi sombre, une seule interrogation taraude tous les Mauritaniens, qu’ils soient issus de la majorité ou de l’opposition: "Où allons-nous?» ,conclut le document du FNDU.
Rappelons que le général Mohamed Ould Abdel Aziz est arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d'Etat le 6 août 2008. Il s'est fait élire président de la République le 18 juillet 2009, puis réélire le 21 juin 2014 pour un dernier mandat qui prend normalement fin en 2019.
Bienvenue dans l’espace commentaire
Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
Lire notre charte