En Mauritanie, les établissements d’hébergement se sont multipliés dans la foulée du lancement de la Stratégie nationale de promotion du tourisme en 1994, particulièrement à Nouakchott et dans les villes du nord désertique, Atar et Chinguetti, qui accueillent les amateurs de vastes étendues grâce aux circuits organisés par les professionnels du secteur à partir de la France.
Autres clients importants de ces structures d’accueil, les immigrés sénégalais et maliens, qui font le voyage Europe-Afrique par voie terrestre, en transitant par la capitale mauritanienne.
Seulement, ces auberges, symboles des ambitions touristiques de la Mauritanie au milieu des années 1990 et 2000, subissent de plein fouet les effets dévastateurs de la pandémie du Covid-19, dont le premier cas a été déclaré dans le pays à la mi-mars, et qui enregistre une deuxième vague de plus en plus virulente depuis le mois de novembre.
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Alioune Niang, responsable de l’auberge «Le Sahara» située sur la route de Nouadhibou, dans le quartier résidentiel de Tevragh-Zeina, explique que cet établissement, apprécié des immigrés sénégalais et maliens venus d’Europe et en transit à Nouakchott, a perdu 80% de son chiffre d’affaires. Au lieu des 120 à 140 pensionnaires par mois, l’auberge n'en accueille plus qu'une vingtaine depuis le début de l'épidémie.
Sur les 80 employés de l'auberge et du restaurant situé juste en face, qui relève également de la responsabilité du gérant, seule une dizaine d’agents assurent un service réduit à sa plus simple expression, alors que les autres sont au chômage technique.
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Alioune Niang lance un appel pressant aux autorités pour permettre au secteur de bénéficier du fonds de relance de l’économie.
Même cri de détresse de la part de Youba Sokoné, gérant de l’auberge «Jelouwa» également située dans le quartier de Tevragh-Zeina, la vitrine de la capitale mauritanienne. Il parle d’une période très dure, caractérisée par un arrêt total des activités. Cet établissement recevait hauts fonctionnaires et consultants de passage. Ici également, la quasi-totalité des employés s’est retrouvée au chômage technique et seulement trois entre eux assurent la «continuité» d’une activité à l’agonie.
Le gérant, dont l'auberge comprend une boutique d’objets de l’artisanat national et une bibliothèque, refuse de mettre la clé sous la porte malgré l'absence de clients et espère le retour des vaches grasses.