Vidéo. Mauritanie: des industriels de la pêche soutiennent la politique visant un large accès aux poissons

Le360 Afrique/Seck

Le 24/08/2021 à 15h24, mis à jour le 24/08/2021 à 15h33

VidéoLes industriels du secteur de la pêche de Nouakchott soutiennent la décision des autorités accordant une dérogation à un navire turc pour pêcher dans la zone de Nouakchott et approvisionner le marché en poissons. L'initiative devrait contribuer à enrayer les pénuries de poissons dans la capitale.

Des acteurs de la pêche industrielle au niveau de la zone Sud (Nouakchott) regroupés dans un collectif dénommé Comité des usiniers et exportateurs de poissons, affilié à la Fédération nationale des pêches (FNP), ont exprimé leur soutien ferme à une décision du ministre des Pêches et de l’Economie maritime accordant une dérogation à un navire turc pour pêcher dans la zone de Nouakchott. Ils estiment qu’il s’agit d’une mesure visant à permettre un approvisionnement régulier du marché dans un contexte de rareté et de cherté des produits halieutiques, comportant d’énormes risques de faillites de plusieurs dizaines d’usines et de pertes de plusieurs milliers d’emplois directs et indirects.

A travers ces déclarations, les propriétaires des unités de traitement de poissons de Nouakchott démentent des allégations largement relayées par les réseaux sociaux et mettent en avant les enjeux économiques, sociaux et de sécurité alimentaire liés à la mesure gouvernementale.

Béchir Hacena, président des usiniers et exportateurs de poissons de Nouakchott (zone Sud), met l’accent sur la situation «de l’important marché local de Nouakchott, qui n’a plus de poissons pour les ménages», alors que l’approvisionnement de toutes les autres régions, à l’exception de Nouadhibou, doit être assuré à partir de la capitale.

Ainsi, il estime que «cette dérogation est un acte vital et courageux de l’administration, car nous avons ici 40 à 45 usines qui sont à l’arrêt depuis 2 ans et menacées de fermeture par manque de production et c’est le seul moyen pour les sauver de la faillite. Par ailleurs, le navire bénéficiaire de l’autorisation d’opérer dans la zone de Nouakchott pêche uniquement du pélagique, qui est une espèce migrante. Son système de pêche est normal et sain, avec une capacité de 150 et 200 tonnes par jour qui serviront à alimenter en premier le marché local et le reste ira vers les usines de traitement».

Abidine Sidaty, secrétaire général du collectif des usiniers et exportateurs de poissons de Nouakchott, juge «aberrant le fait que les Mauritaniens ne trouvent de poissons dans leurs plats depuis à 2 à 3 ans. Je vous donne un exemple: le kilogramme de mulet, qui se vendait à 150 ouguiyas il y a quelques années, coûte aujourd’hui 700 ouguiyas (soit environ 2 dollars), la sardine est montée de 100 à 400 ouguiyas, dans le contexte d’un marché local de 15 à 20 tonnes, caractérisé par des pratiques de spéculation», qui gonflent les prix de manière continue.

Mais avec cette décision «patriotique», le prix du poisson va considérablement baisser avec un accès garanti pour toutes les familles, et l’idée d’un stock de sécurité face aux risques potentielles de pénurie ainsi que la perspective de sauver les unités industrielles dont les employés étaient menacés de licenciement.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 24/08/2021 à 15h24, mis à jour le 24/08/2021 à 15h33