La Mauritanie, à l’égard de toute la communauté internationale, a célébré jeudi 3 mai, la Journée internationale de la liberté de la presse, dans un contexte de profonde déprime caractérisé par la fermeture de la quasi-totalité des radios et télévisions privées, confrontées à des difficultés économiques inextricables.
Le Syndicat des journalistes de Mauritanie (SJM), a saisi l’occasion de cette journée pour sortir un document dénonçant «des atteintes» à la liberté et appelant "à la préservation des acquis".
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Le SJM déplore le cas d’Ishaq Ould Moctar, un journaliste mauritanien, victime d'un rapt en Syrie, et qui est séquestré dans un endroit inconnu depuis plusieurs années par un groupuscule non identifié.
En Mauritanie, le syndicat note l’absence de journalistes en détention. Mais, il exprime une vive préoccupation par rapport aux cas "de plusieurs journalistes ayant fait l’objet d’agressions à l’occasion de la couverture d’événements en relation avec l’organisation du référendum constitutionnel du 5 août 2017, le placement sous contrôle judiciaire de 4 journalistes depuis plusieurs mois, le licenciement de journalistes par les médias publics et le refus des mêmes médias de signer le cahier des charges par rapport à l’emploi de ce personnel".
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Le SJM déplore également "l’absence" d’une aide publique «conséquente» à la presse privée. L’aide publique est à la presse privée en Mauritanie est constituée d'une enveloppe d’environ 20 millions de nouvelles ouguiyas, à partager entre de nombreux organes, dont les patrons accusent les membres de la commission chargée de la répartition de s’octroyer une grande partie du montant.
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Faisant le bilan de la liberté de la presse dans le pays, à l’occasion de la célébration de la journée 2018, Lô Gourmo, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP), va encore plus loin que le SJM. Cet opposant décrit le contexte d’un pays avec "quasiment toute la presse privée fermée et une presse publique ouvertement aux ordres du parti Etat et de ses caciques. Quarante directeurs de presse interdits de quitter le territoire, soumis à l’intention permanente et à l’humiliation. Bilan: rétrogradation de 17 points dans le classement annuel des pays par Reporters sans frontières (RSF) en matière de la liberté de la presse".
Bref, pour l'opposant, "en un an, un bilan qui rejoint le sombre tableau du reste. De tout le reste de ce que subit notre peuple sous une dictature qui s’affiche sans fard désormais, quelques mois avant des élections sous contrôle unilatéral d’un régime sortant".