La détermination du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz d'organiser une consultation populaire sur la base de l’article 38 de la Constitution du juillet 20 juillet 1991 et de ses textes modificatifs, suscite une vive inquiétude au sein de la société civile et de la classe politique mauritanienne, notamment de l'opposition dite radicale.
Dans une déclaration rendue publique ce week-end, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d'Ahmed Ould Daddah, affirme que «la Mauritanie traverse une crise multidimensionnelle aux conséquences imprévisibles, qui menace sa sécurité, sa stabilité» et au-delà celle du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, du fait de sa position géostratégique et de ses immenses ressources.
Cette sortie fait suite à l'annonce par le président, mercredi soir au cours d’une conférence de presse, du référendum devant permettre aux Mauritaniens de se prononcer sur des modifications constitutionnelles proposées: suppression du Sénat, création de conseils régionaux, changement des symboles nationaux (drapeau et hymne), suppression de la Haute cour de justice (HCJ) et du Haut conseil islamique (HCI).
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Ce référendum intervient dans un contexte marqué par un rejet du projet par les sénateurs, le 17 mars dernier, après que celui-ci ait été approuvé par les députés, avec une écrasante majorité le 9 mars.
Le RFD met en garde «contre les conséquences néfastes du mépris affiché par le président Mohamed Ould Aziz vis-à-vis de la Constitution et des lois du pays».
L’opposition mauritanienne estime que l’article 38 de la Constitution est de portée générale. La procédure de réforme de la loi fondamentale est prévue par le chapitre 11, notamment les articles 99,100 et 101 de la Constitution du 20 juillet 1991 et ses textes modificatifs.
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Ces dispositions conditionnent le recours au référendum à une approbation d’une majorité qualifiée des 2 chambres du Parlement. Ce qui n'a pas été le cas étant donné que les sénateurs ont rejeté le texte à une écrasante majorité.
Sur la base de cette appréciation, le RFD invite «les forces vives de la nation et l’ensemble des patriotes, à s’élever dans un large front populaire, contre les menées destructrices du régime en place visant le démantèlement du pays».
Convaincu que la solution de sortie de crise passe par «un dialogue sérieux, inclusif et responsable», le parti lance par ailleurs «un appel pressant à tous les amis de la Mauritanie pour l’aider à se tirer d’une situation extrêmement grave» pour elle-même et pour tout le voisinage.