Mauritanie: la diva Maalouma en campagne contre le projet de réformes constitutionnelles

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Le 23/04/2017 à 09h37, mis à jour le 23/04/2017 à 09h42

Icône de la musique et sénatrice de l'Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir, Maalouma Mint Meidah va organiser ce dimanche 23 avril une soirée de gala pour lancer un nouveau tube contre le projet de réformes constitutionnelles du président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Issue de la caste des griots de la société traditionnelle mauritanienne, icône de la musique et très engagée aux côtés de l’opposition au début du processus démocratique enclenché en 1992, Maalouma Mint Moctar El Meidah, avait fini par succomber au discours enchanteur de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Ainsi, la grande diva, habitée par une flamme des origines que partagent les chanteurs de son «Iguidi» natal (département de Medredra, région du sud-ouest de la Mauritanie) et qui lui confère une voix et un tempo hors commun, avait-elle fini par rejoindre la majorité présidentielle et les prairies bleues (le bleu est la couleur du parti l'Union pour la République, ndlr) .

Avant cela, la grande dame avait été élue sénatrice de Nouakchott sur une liste du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), principal parti de l’opposition, en 2007.

Ce n'est que par la suite qu’elle a intégré les rangs de l’Union pour la République (UPR), une formation créée pour soutenir la candidature de Mohamed Ould Abdel Aziz à l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, organisée un peu moins d’une année après le putsch «rectificatif» du 6 août 2008.

Mais aujourd’hui la grande diva, à l’instar de la majorité des sages, est «en fronde ouverte» contre sa mouvance politique, comme rattrapée par «les vieux démons» des années de l'Union des forces démocratiques/Ere nouvelle.

Un différend qui porte sur un projet de réformes constitutionnelles approuvé à une écrasante majorité à l’Assemblée nationale le 9 mars dernier, et rejeté par le Sénat 8 jours plus tard.

Un blocage face auquel le président de la République a décidé de recourir à une consultation référendaire sur la base de l’article 38 de la Constitution du 20 juillet 1991, et ses textes modificatifs.

La chanteuse, virtuose de "l’ardin" (instrument de musique traditionnelle), qui puise son répertoire dans toutes les sonorités des différentes composantes de Mauritanie et revendique avec fierté «ses ascendances peules» semble aujourd'hui s’engager dans une campagne contre le projet référendaire du pouvoir.

Ce dimanche, elle organise une soirée de gala en invitant toute la classe politique (majorité et opposition dans toutes ses variantes), la société civile, les leaders d’opinion et des personnalités indépendantes. 

«Une rencontre à l’occasion de laquelle je vais lancer un vibrant appel à l’unité de tous les Mauritaniens. Dans les mêmes circonstances, je présenterai une nouvelle chanson contre un projet de réformes constitutionnelles inutile et sans rapport avec les problèmes auxquels est confronté le peuple mauritanien», explique-t-elle.

Le projet de réformes constitutionnelles stigmatisé par la grande diva, porte sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, la modification des symboles nationaux (drapeau et hymne), la suppression de la Haute Cour de justice (HCJ) et du Haut conseil islamique (HCI), etc.

Ce référendum prévu le15 juillet prochain divise profondément la classe politique et la société mauritanienne.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 23/04/2017 à 09h37, mis à jour le 23/04/2017 à 09h42