La révision des listes électorales pour le scrutin référendaire prévu le 15 juillet prochain en Mauritanie débutera le 15 mai, selon une annonce faite par le gouvernement. Elle durera 20 jours et touchera toutes les régions du pays.
L'objectif est de mettre à niveau le fichier électoral qui suscite un début de grosse polémique entre le parti au pouvoir et l'opposition radicale.
Au cours des derniers jours, certaines sources citant la Commission électorale nationale indépendante (CENI), institution disparue depuis le scrutin présidentiel du 21 juin 2014, boycotté déjà par l’opposition historique, renvoyaient à l’impossibilité matérielle et humaine d’organiser la consultation référendaire à la date fixée par le gouvernement.
Au même moment, des consultations entre le président Mohamed Ould Abdel Aziz et de hautes personnalités du sérail étaient annoncées, dans une perspective de report d’un événement qui divise littéralement la Mauritanie en deux camps antagonistes.
Mais les allégations relatives «à l’impossibilité matérielle» pour la CENI d’organiser le scrutin sont démenties ce samedi à travers une déclaration du porte-parole de l’institution, maître Abdallahi Diarra, qui souligne que "cette information est dénuée de tout fondement".
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D’ailleurs, ajoute t-il, "nous avons publié un communiqué pour signifier que la CENI se tient à la disposition de l’ensemble des acteurs politiques pour tout ce qui est de nature à contribuer à la tenue de ce référendum dans les meilleures conditions de régularité, de transparence et de crédibilité".
Après la diffusion de cette information, on assiste à un véritable déchaînement sur les réseaux sociaux. Illustration avec cette réaction du Pr Lô Gourmo, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP) qui écrit sur sa page facebook: «Que peut valoir un recensement administratif à vocation électorale alors que le registre d’état civil national qui doit lui servir de cadre n’existe plus? Combien de Mauritaniens sont recensés aujourd’hui et disposent de leurs pièces d’état civil ou sont en mesure d’aller voter, en dehors de ceux que le pouvoir aura choisi de faire inscrire sur ses listes? Quelle élection ou opération référendaire peut être crédible en Mauritanie, dans ces conditions lamentables? Quelle transparence? Quelle égalité dans l’expression du suffrage? Quelle réalité de vote? Quel résultat crédible?».
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Pour sa part, Mme Nana Mint Mohamed Laghdaf, cadre du Rassemblement des forces démocratiques (RFD, opposition) raille une CENI «qui n’est en réalité qu’un ministère de l’intérieur bis».
Rappelons que le projet de réformes constitutionnelles proposé par le président mauritanien comporte la suppression du sénat, la création de conseils régionaux, le changement des symboles nationaux (drapeau et hymne), la suppression de la Haute Cour de Justice (HCJ) et du Haut Conseil Islamique (HCI).
Celui-ci a été approuvé par l’assemblée nationale et rejetée au niveau du sénat au mois de mars dernier. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a alors décidé de recourir à l’article 38 de la constitution du 20 juillet 1991 et ses textes modificatifs pour consulter directement le peuple.
Une démarche contestée par l’opposition, qui soutient que la procédure de révision constitutionnelle est aménagée par le chapitre XI de la loi fondamentale, à travers ses articles 99, 100 et 101.