Mauritanie: Ould Ghadda, sénateur frondeur contre Aziz, s'en tire à bon compte

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Le 15/07/2017 à 08h16

Le tribunal correctionnel de Rosso (200 kilomètres au Sud de Nouakchott) a condamné le sénateur Mohamed Ould Ghadda, principal animateur de la fronde contre un projet de révision constitutionnelle, à 6 mois de prison avec sursis, selon un verdict révélé vendredi par des sources judiciaires.

Le tribunal correctionnel de Rosso (200 kilomètres au Sud de Nouakchott) a condamné le sénateur Mohamed Ould Ghadda, principal animateur d’une fronde contre un projet de révision constitutionnelle initiée par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, à 6 mois de prison avec sursis et 20.000 ouguiyas d’amende, dans un verdict rendu ce vendredi.

Le sénateur est reconnu coupable «d’homicide involontaire» suite à un accident sur la route Nouakchott-Rosso à l’origine de la mort de 2 personnes.

Incarcéré depuis une semaine et en grève de la faim, l’élu retrouve la liberté après cette sentence.

Il avait été arrêté pour une seconde fois le vendredi 07 juillet dernier, et placé en détention provisoire à la prison civile de Rosso. Une décision que le Parquet général près la Cour suprême justifiait par la fin de la session parlementaire.

Cependant, la défense a dénoncé la même mesure comme "une violation de l’article 50 de la constitution qui dispose que la poursuite ou la détention d’un membre du parlement est suspendue si l’Assemblée dont il fait parti le requiert. La suspension prévue par cette disposition n’est pas soumise à la fin de la session ou à une autre condition".

En fait, pour maître Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny, ex-bâtonnier de l’Ordre national des avocats (ONA) et principal conseil du sénateur, les véritables motifs de l’emprisonnement et de la condamnation avec sursis de cet élu «sont politiques».

Cette décision de justice, à connotation politique, concerne «le sénateur membre de l’institution parlementaire qui a rejeté un projet de révision constitutionnelle. Elle vise aussi le président d’une commission d’enquête parlementaire portant sur la passation illégale des marchés publics. Elle va à l’encontre de l’homme qui réclame la lumière sur «la vente» d’Abdallah Senoussi, ancien chef des Services spéciaux de Libye sous le règne du colonel Mouammar El Kadhafi, extradé de la Mauritanie vers son pays dans des conditions controversées, il y a quelques années. La décision vise également le sénateur qui exige la publication de la déclaration de patrimoine du président Mohamed Ould Abdel Aziz», au pouvoir depuis une dizaine d’années, alors que cette formalité est une exigence de la loi après l’entrée en fonction du chef de l’Etat.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 15/07/2017 à 08h16