Empêché hier d'aller au Sénégal pour des soins, le sénateur mauritanien Mohamed Ould Ghadde, qui a mené la fronde contre la suppression du Sénat dont le principe a été adopté par référendum le 5 août, a été arrêté vendredi à Nouakchott, a-t-on appris de source policière et auprès de ses proches.
Le sénateur "a été arrêté à son domicile aux premières heures de la matinée par deux policiers en civil", a affirmé à l'AFP une source policière.
Son interpellation a été confirmée par des membres de sa famille, qui ont précisé que Ould Ghadde avait été empêché la veille de traverser la frontière avec le Sénégal voisin, où il souhaitait se rendre pour raisons médicales.
"La police lui a retiré (jeudi) sa carte d'identité et son permis de conduire et lui a signifié l'interdiction de quitter le pays", a affirmé l'un de ses proches.
Les raisons de son arrestation n'ont pas été officiellement communiquées.
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Deux jours avant le référendum constitutionnel, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait fustigé des sénateurs opposés à son projet de modification de la Constitution, les accusant d'avoir "partagé de l'argent pris sur des hommes d'affaires pour saper les institutions du pays".
Le chef de l'Etat fondait ses accusations, selon des observateurs, sur des fuites, organisées par ses services de renseignement, "d'enregistrements WhatsApp" interceptés sur le téléphone de M. Ould Ghadde. Il y évoquait des besoins d'argent auprès d'un interlocuteur que l'on pense être un homme d'affaires réfugié au Maroc.
Les Mauritaniens ont approuvé à une large majorité de 85% des votants les changements constitutionnels.
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Vent debout contre la disparition de leur institution prévue par le texte, des sénateurs ont mené une fronde dans les jours précédant le scrutin en occupant leurs locaux lors d'un "sit-in".
Le groupe de sénateurs a depuis mis fin à son action mais décidé jeudi de ne pas reconnaître les résultats du référendum. Ils ont appelé à une réunion de "tous les sénateurs" le 14 août pour décider de la suite de leur mouvement.
La campagne pour le référendum s'était déroulée dans un climat tendu, avec un appel au boycott d'une partie de l'opposition et des incidents entre policiers et manifestants. Le scrutin lui-même s'est déroulé dans le calme.
Le président Ould Abdel Aziz avait passé outre au rejet de son projet de révision par la voie parlementaire en convoquant le référendum.