Mauritanie: un syndicaliste vilipende le gouvernement auprès de l'ONU

DR

Le 19/09/2017 à 17h15, mis à jour le 20/09/2017 à 18h03

Abdallahi Ould Mohamed dit Nahah, SG de la Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM), dénonce l'atteinte au droit syndical dans le pays. Et ce à travers une correspondance adressée au SG de l'ONU, Antonio Guterres, au moment même où celui-ci recevait le président Ould Abdelaziz.

Saisissant l’opportunité d’une rencontre entre le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le Secrétaire général des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres, organisée lundi à New York en marge de la 72e session de l’AG de l’ONU, le Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM), Abdallahi Ould Mohamed dit Nahah, a adressé une correspondance au premier responsable de l’institution onusienne.

Un document à travers lequel le il dénonce «un acharnement contre le mouvement syndical mauritanien et des atteintes particulièrement graves aux droits humains, en violation des instruments juridiques internationaux auxquels la Mauritanie a souscrit, notamment la charte de l’ONU, la Déclaration universelle des droits de l’homme, le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et les conventions de l’OIT».

Parmi les faits relevés au cours des derniers mois et dénoncés, Abdallahi Ould Mohamed dit Nahah cite «l’interpellation du Secrétaire général de la Confédération général des travailleurs de Mauritanie (CGTM), par la police chargée des enquêtes sur les crimes économiques, suivie d’un placement sous contrôle judiciaire pour des motifs fallacieux».

La correspondance s’insurge également contre l’atteinte au principe «de l’inviolabilité du siège de la CGTM par des éléments de la police, qui ont pénétré dans notre siège au moment où le comité exécutif s’apprêtait à tenir une réunion hebdomadaire ordinaire. Tous les membres du syndicat ont été contraints manu militari de quitter le siège qui a été mis sous scellé sous le prétexte que le propriétaire de l’immeuble n’a pas payé la taxe d’habitation».

Le SG de la CGTM fustige aussi «le laxisme dans l’application de la législation du travail et de la sécurité sociale en vigueur dans le pays».

Toujours au chapitre «de la violation des libertés syndicales», la lettre évoque «un moratoire de la Direction générale du travail suspendant l’élection des délégués syndicaux sur toute l’étendue du territoire national au motif que le gouvernement veut procéder à des élections professionnelles générales de représentativité».

La démarche du SG de la CGTM au patron de l’ONU est à mettre au compte des dégâts collatéraux d’une procédure pénale actuellement pendante devant la justice mauritanienne. Il s’agit d’une affaire de "corruption" présumée impliquant un richissime banquier mauritanien, réfugié au Maroc, Mohamed Ould Bouamatou, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, et un groupe d’anciens sénateurs, parmi lesquels Mohamed Ould Ghadda, placé en détention provisoire le 1er septembre 2017.

Dans cette affaires, deux syndicalistes, parmi lesquels le SG de la CGTM auteur de la correspondance au SG de l'ONU, ont été placés sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’enquête relative à ce dossier.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 19/09/2017 à 17h15, mis à jour le 20/09/2017 à 18h03