Mohamed Vall ould Bellal est désigné président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), selon un décret présidentiel rendu public jeudi 19 juillet courant. Il remplace à la tête du Comité directeur de l’organe électoral Didi ould Bounaâma, nommé pourtant à ce poste juste le 19 avri dernier.
Mohamed Vall Bellal est un vieux routier de la scène politique mauritanienne. Originellement issu de la jeunesse du mouvement contestataire des «Kadihines» sous le règne du parti unique, avec maître Moctar ould Daddah, il fût ministre des Affaires étrangères au début des années 2000 à la faveur d’un «flirt» avec le pouvoir du président Maaouya ould Sid’Ahmed Taya.
Considéré comme un cadre brillant, le nouveau président de la CENI était jusqu’à il y a quelques mois, membre du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), un collectif classé dans la mouvance de l’opposition dite radicale, avant qu'il ne retourne sa veste et se rapproche du pouvoir.
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Du côté de la majorité et de l’opposition qualifiée de modérée, cette nomination est bien accueille. Les uns et les autres louant «les qualités, la compétence et l’expérience» du nouveau président de la CENI.
Cependant, au sein de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD), regroupant le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), le FNDU et d’autres formations politiques, et constituée il y a selement 10 jours, cette nouvelle décision du pouvoir est perçue comme «une provocation, perpétuant le caractère non consensuel d’une CENI, qui exclut la partie significative de l’opposition et a été désignée en violation de la loi».
Au-delà des divergences d’appréciations entre chapelles politiques, l’arrivée de Mohamed Vall ould Bellal à la présidence de la CENI renvoie à deux interrogations, estiment les observateurs.
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L’ancien ministre des Affaires étrangères est-il convaincu de prendre les commandes d’une institution qui aura réellement les moyens de peser sur le processus électoral, au moment où l’opposition dénonce «un fichier électoral sorti du chapeau de l’Union pour la république (UPR, principal parti du pouvoir), constitué uniquement de ses militants et gonflé au moyen de la fraude?». Ce nouvel épisode serait-il «un vulgaire retournement de boubou», exercice très prisé au sein de la classe mauritanienne?
Enfin, rappelons que la Mauritanie va vers des élections législatives, régionales et municipales, prévues le 1er septembre 2018. Des électons pour lsquelles, tous les partis politiques mauritaniens seront représentés.