Mauritanie. Présidentielle: l'opposition face au défi d'une candidature unique

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Le 08/02/2019 à 12h32, mis à jour le 08/02/2019 à 12h32

En prévision de la présidentielle, qui a lieu cette année, l'opposition mauritanienne a déjà élaboré un programme commun, et l'a soumis à l'approbation de tous les partis qui la composent. Il reste un défi, de taille: le choix d'une candidature unique, qui sera le consensus de tous.

Dernière ligne droite vers une élection présidentielle 2019 inédite en Mauritanie, excluant la participation du chef d’Etat en exercice, Mohamed ould Abdel Aziz, arrivé au terme de son deuxième mandat, et ne pouvant de fait prétendre à une troisième magistrature suprême successive, selon les termes de la loi fondamentale mauritanienne.

Du côté de la majorité, le porte-étendard de ce scrutin a été déjà désigné, en la personne de Mohamed Cheikh Ahmed dit Ghazouani, actuel ministre de la Défense du gouvernement nommé après les élections législatives de 2018, et dont les membres ont pris leurs fonctions le 30 octobre dernier.

Ghazouani, général à la retraite, est un ancien grand officier de l’armée nationale, il est aussi, depuis à présent près de quatre décennies, le compagnon Mohamed ould Abdel Aziz.

Dans l'autre bord, du côté de la mouvance de l’opposition, le principe d’un programme commun et d’une candidature unique a été admis par toutes les composantes.

Il s’agit notamment du Forum National pour la Démocratique et l’Unité (partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes), du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et de nombreuses autres formations, lesquelles ont décider de former une alliance en vue du scrutin crucial de cette année 2019 en Mauritanie.

Une commission présidée par Salah ould Hanana, leader du parti Hatem, a élaboré ce programme commun, qui est actuellement soumis à l’approbation de tous les partis politiques. Cette instance a également défini les différents critères auxquels doit répondre le futur candidat unique de l’opposition, celui qui fera le consensus autour de sa personne. 

Mais certains organes de presse mauritaniens sont d'ores et déjà allés au-delà de cet exercice préliminaire, en avançant quelques noms, ceux de certaines figures qui correspondent au profil défini par cette commission.

Ainsi, la verson en ligne de l’hebdomadaire Le Calame annonce que l’opposition «a retenu trois noms: Mohamed ould Bouamatou, un banquier actuellement en exil, Mahfoudh ould Betta, le leader de la Convergence Nationale Démocratique (CND), qui est un ancien ministre de la Justice et qui fut le bâtonnier de l’Ordre National des Avocats (ONA), et enfin Cheikh ould Hanana, ex-sénateur, très actif dans la fronde contre la réforme du président Mohamed ould Abdel Aziz, qui a abouti à la suppression de la défunte chambre haute du parlement en 2017.

Cette information a suscité une série de démentis dans les rangs de l’opposition, y compris de la part de Salah ould Hanana, le président de la commission chargée de l’élaboration du programme commun de l'opposition. 

Riposte identique de la part de Lô Gourmo, vice-président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), qui fait partie de l'opposition. celui-ci a dénoncé avec virulence «du faux, encore du faux. La machine de la désinformation tourne à plein régime. L’opposition finira de plancher sur son programme alternatif, avant de convenir d’un candidat de consensus».

De son côté, le leader anti-esclavagiste, Biram Dah ould Abeid, a déjà annoncé sa candidature sous la bannière de ses alliés du parti Sawab, alors que plusieurs sources signalent aussi une autre candidature qui se déclarera bientôt au sein de la mouvance nationaliste noire.

D'autres informations font état de tractations, ces dernières semaines, qui aboutiraient à l’annonce d’une candidature de Sidi Mohamed ould Boubacar. Ce dernier est un haut cadre, qui a occupé à deux reprises le poste de Premier ministre: sous le régime de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya, et pendant la transition militaire, de 2005 à 2007. Fait notable: cet un homme politique n’a jamais publiquement revendiqué un statut d’opposant.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 08/02/2019 à 12h32, mis à jour le 08/02/2019 à 12h32