Mauritanie: l’opposition islamiste réclame un dialogue national pour des réformes structurelles

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Le 28/11/2020 à 12h32, mis à jour le 29/11/2020 à 13h17

Dix-huit mois après le départ de Mohamed ould Abdel Aziz, la Mauritanie est toujours en crise, selon le principal parti de l’opposition, qui plaide pour des réformes en profondeur.

La Mauritanie célèbre le soixantième anniversaire de son indépendance nationale le samedi 28 novembre. Occasion choisie par le Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD/Tawassoul, parti islamiste), première force de l’opposition à l’Assemblée nationale avec 16 députés, pour faire le bilan des 18 premiers mois de présidence de Mohamed Cheikh El Ghazouani.

Et le constat est celui de la persistance d’une crise multiforme, héritage de plusieurs années, dont la solution passe «par un dialogue national inclusif» porteur «du consensus» indispensable à «des réformes en profondeur», souligne le parti islamiste. 

Dans sa sortie, le RNRD constate de multiples problèmes de gouvernance: «absence de planification et d’une bonne organisation des priorités, corruption, favoritisme, pillage des ressources publiques, diverses formes de manipulations et de prévarication...».

Une problématique globale qui exige «une large prise de conscience nationale pour créer les conditions d’une transition» permettant au pays d’affronter les grands enjeux politiques, sécuritaires, économiques et sociaux du moment. Ces défis concernent «l’enracinement de la démocratie, le renforcement de l’institution de l’opposition, le consensus autour du système électoral, la restitution des ressources détournées (notamment sous la décennie de gouvernance de Mohamed ould Abdel Aziz (2008/2019), une application intégrale des recommandations d’une Commission d’enquête parlementaire (CEP), le rôle de l’Islam dans la protection, une large concertation nationale sur les futurs revenus attendus de l’exploitation du gaz et du pétrole, etc.».

Par ailleurs, après six mois d’investigation, la Commission d’enquête parlementaire, évoquée à travers le document du RNRD, a constaté de graves faits de corruption et de prévarication dans l’attribution de 109 marchés publics relatifs à l’énergie, aux infrastructures, à une concession portuaire, à la gestion du Fonds national de revenus des hydrocarbures (FNRH), à la gestion de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), à un contrat de pêche, et à la gestion du foncier à Nouakchott.

Ce dossier fait l’objet d’une enquête préliminaire menée par la police chargée de la répression des infractions à caractère économique et financier, sous la supervision du parquet anti corruption depuis 4 mois.

Et malheureusement, ce dossier aussi semble marquer le pas depuis quelques semaines et on craint fort qu'il ne soit tout simplement classé sans suite, comme ce fut souvent le cas en Mauritanie. 

D'ailleurs, lors de l'une de ses dernières sorties, le parti islamiste a exigé la restitution de tous les biens détournés par le clan de l'ancien président Mohamed ould Abdel Aziz. 

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 28/11/2020 à 12h32, mis à jour le 29/11/2020 à 13h17